Combien d’hommes une maitresse femme peut-elle dominer et détruire ? Delphine Audrey et Jude Martin esquissent une réponse dans Trève, de la compagnie Mystic Twins, au théâtre Darius Milhaud.
La pièce commence par une longue introduction, une bouffée délirante, le délire de Paul, acteur raté. Vivienne arrive, entre, on plonge dans la réalité. Elle est femme, manipulatrice, dominante. Elle a renoncé à un succès annoncé au cinéma. Lui est homo, en déshérence, sans succès. Entre les deux, qui les sépare autant qu’il les lie, un absent, écrivain, qu’ils ont aimé tous les deux, qui les a aimés l’un et l’autre.
Petit à petit, on découvre le secret qui les lie. On découvre son épilogue, qu’elle seule connaît. On découvre la dépendance dans laquelle elle l’enserre. Psychique, matérielle, financière. Vivienne est mariée, elle a choisi son mari pour pouvoir, lui aussi, le tenir sous sa coupe. Elle méprise tous les hommes, sauf un. Vivienne est une maitresse femme, une mante religieuse. De ces femmes solides qui traversent les guerres et les tempêtes sans état d’âme, et qui font de leurs conjoints et enfants des hommes castrés. Jusqu’à la scène finale, à éviter par les âmes trop sensibles.
Le texte de Jude Martin (qui assure également la mise en scène et le rôle de Paul) est chirurgical, précis, glaçant. Face à lui, Delphine Audrey est une Vivienne solide, presque trop sympathique.
Je suis plus réservé sur certains choix de mise en scène, ou sur leur adaptation à la configuration particulière de la scène de la petite salle du Darius Milhaud. Certainement trop traditionnaliste en la matière, je crois qu’un acteur doit jouer dans la lumière face public, et non dans l’ombre, en direction de l’angle du fond de la scène.
Théâtre Darius Milhaud – jusqu’au 9 mars 2018 – vendredi 21h15
Par la compagnie Mystic Twins