Je suis sorti nostalgique et souriant de Persée (la palpitante épopée pipée perpétuelle), à La Folie Théâtre. A voir si vous avez envie l’esprit ouvert et l’envie de rire d’une épopée brouillonne, pas si vous êtes un exégète de la mythologie grecque.
Au premier niveau, c’est une épopée, baroque et brouillonne, la description approximative du destin de Persée. Comme le veut la loi du genre, vingt personnages, six acteurs, un jeu inégal, des jeux de mot faciles, on finit par ne plus trop savoir qui est qui, bref c’est le bordel, mais ce n’est pas grave, on s’amuse et le but est atteint. Baroudeur, et surtout Fléchette, se sont totalement laissés emporter par ce niveau de la pièce. Elle riait à gorge déployée. Un sérieux, derrière, disait « chut »
Au deuxième niveau, l’histoire de Persée est complète, de la fécondation de sa mère à la mort de son grand père. Avec quelques ajouts venus du premier niveau (Cassandre femme de ménage de l’Olympe), de et de ses contraintes de rapidité (non, Baroudeur, ce n’est pas Héra femme de Zeus qui est attachée au rocher, c’est Andromède). Le sérieux, derrière, commentait les écarts, là il s’attribuait le droit de chuchoter.
Au troisième niveau, les jeux de mots étaient moins accessibles, je suis sûr que le sérieux qui ne mouftait pas, ne les comprenait pas, ou qu’il avait un mouvement de retrait, l’air pincé.
J’oublie le sérieux, je reviens à la pièce. Globalement bien faite, elle a un sens, une logique, suit une direction sans se disperser. On y trouve ce qu’on s’attend à y trouver, des jeux de mots, bien sûr, un running gag (Sisyphe), une ponctuation musicale, des anachronismes et des caricatures de personnalités très actuels mais qui restent pleins de bon sens (oui, Nelson, seuls trois continents étaient connus à l’époque), un jeu avec le public. Elle colle à l’histoire de Persée, et c’est ce qui lui donne sa cohérence.
Et ma nostalgie dans tout ça ? Celle du Phèdre de Pierre Dac dans la version de Jean-Baptiste Plait, avec (entre autres) Didier Bourdon, Pascal Legitimus, Bernard Campan… Oui, c’était en 1983, ces noms doivent vous dire quelque chose. Il y avait un peu de cette folle ambiance, de ce joyeux bordel, dans cette représentation de Persée.
A La Folie Théâtre jusqu’au 28 janvier 2018 – vendredi/samedi 20h00 – dimanche 18h30