Mademoiselle Frankenstein est devenue mon amie. Une pièce de théâtre ? Oui, et ses interprètes. Parce que ce n’est pas seulement une belle pièce, c’est une grande pièce.
C’était la cinquième fois que je voyais la pièce, la quatrième année. Il y a des pièces que j’ai vues trois, quatre, cinq fois pour des raisons très différentes, je finissais toujours par les connaitre par coeur, ne plus devenir attentif qu’aux détails pendant que le texte ronronnait.
Hier soir, j’ai encore, à nouveau, été pris, été saisi. Bien sûr Frédéric Gray était assis quand nous sommes entrés dans la salle, bien sûr le rideau frémissait comme s’il était vivant, bien sûr Christelle Maldague est apparue. Bien sûr nous sommes rentrés dans la compréhension de l’âme de Mary Shelley, de la naissance de Lazarro Spallanzani. Bien sûr j’ai écouté les aphorismes de l’anglaise désinvolte, vu tourner les yeux de l’italien démoniaque.
J’ai écrit un jour que Mademoiselle Frankenstein est comme un film de M Night Shyamalan, à voir deux fois. Je me suis trompé. Un film de MNS se voit deux fois, et on en a fait le tour. Mademoiselle Frankenstein, comme un vrai ami, a quelque chose de plus à dire à chaque rencontre.
J’ai revu la pièce, et je l’ai découverte, savourée, comme si c’était la première fois. Je me suis laissé emporter, surprendre. J’ai été emporté, surpris, étonné, séduit. J’ai savouré le jeu des acteurs, admiré le jeu des lumières (un coup de chapeau, au passage, au travail du régisseur). J’ai relu ces genèses imbriquées, j’ai marché.
L’an dernier c’était la dernière saison à La Folie Théâtre, la représentation d’hier soir l’ultime représentation de la pièce dans l’écrin qui l’a vue naitre. La pièce continue, elle vit, tourne, en région parisienne, en province. Dans des salles de toutes tailles.
Je suis serein, je la reverrai. C’est une amie, on revoit toujours ses amis.