Alexis Michalik le magicien de la mise en scène et des émotions a encore frappé, et il a frappé fort et juste avec Intra Muros au Théâtre 13.
Je vais reprendre le pitch officiel de la pièce, je ne voudrais pas vous priver des découvertes que vous ferez quand vous irez la voir. « Tandis que l’orage menace, Richard, un metteur en scène sur le retour, vient dispenser son premier cours de théâtre en centrale. Il espère une forte affluence, qui entraînerait d’autres cours – et d’autres cachets – mais seuls deux détenus se présentent : Kevin, un jeune chien fou, et Ange, la cinquantaine mutique, qui n’est là que pour accompagner son ami. Richard, secondé par une de ses anciennes actrices – accessoirement son ex-femme – et par une assistante sociale inexpérimentée, choisit de donner quand même son cours… »
Intra Muros commence par une adresse de Richard, la lumière est encore allumée, il demande à la salle ce qu’est pour elle le théâtre, pour lui, « le théâtre c’est d’abord un endroit où il se passe toujours quelque chose. C’est un endroit où on s’ennuie, parfois, mais c’est aussi un endroit où on peut rire, et pleurer, en un mot être traversé par des émotions ».
Je ne me suis pas ennuyé, j’ai ri, j’ai eu les yeux humides, j’ai été submergé par les émotions, et Baroudeur, assis à côté de moi, aussi, qui me serrait la main bien fort quand il en avait besoin.
Intra Muros, un huis clos entre 4 personnes qui vont se dévoiler petit à petit, dont nous allons (et les personnages aussi) vont découvrir ce qui les unis à travers des exercices, des mises en abîme, un jeu. Est-ce qu’ils racontent la vie qu’ils ont eue, la vie qu’ils auraient pu avoir, celle qu’ils auraient voulu avoir ? Est-ce si important, tellement c’est poignant, prenant.
Comme toujours, l’écriture et la mise en scène d’Alexandre Michalik sont ultra précis, on passe d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre au gré d’un changement de chemise, de perruque, d’une chaise qui se déplace.
L’idée d’une pièce qui se passerait en prison est venue lors de la remise d’un prix pour un court métrage, l’envie de la créer au Théâtre 13 pour la réouverture de la salle historique du souvenir de la magie du Porteur d’Histoire.
L’équipe s’est créée comme une évidence, le fruit de rencontres successives, sur une plage à Casablanca, à Avignon, le fruit d’histoires qui se croisaient depuis des années. L’équipe est la première des trois qui devaient auditionner, la pièce a été écrite en trois semaines sur la base d’improvisations dirigées, les mots sont les mots de chaque comédien. Pour ajouter à la magie, Raphaël Charpentier joue la musique qu’il a composé, du coup c’est lui qui suit les comédiens, soyez attentif à ses mains quand le Thérémine entre en action.
Jeanne Arenes (Jeanne), Bernard Blancan (Ange), Alice de Lencquesaing (Alice), Paul Jeanson (Richard), Fayçal Safi (Kevin), il y a un peu de leurs caractères dans leurs personnages, dans ces autres vies qui sont aussi le fruit de ce qu’il sont, dans ces personnages qui sont enfermés dans le carcan de leur histoire, et pourtant, devant eux, il y a une page blanche, un espace infini, tout le temps qu’il leur reste.
Le monde serait un théâtre, dont nous serions les acteurs ?
Vous avez compris, je suis totalement rentré dans la pièce, j’ai été envahi par les émotions qui se succédaient au rythme éruptif auquel les personnages dévoilaient les pans de leurs vies, réelles… ou moins.
La pièce va durer, c’est sûr, mais profitez de l’occasion de la voir dans l’écrin de la salle du Théâtre 13.
Au Théâtre 13 jusqu’au 16 avril 2017, du mardi au samedi à 20h00, le dimanche à 16h00.