Le fauteuil est à cour, sur le devant de la scène, et dans le fauteuil il y a le maître du temps, qui va tenir le rythme de l’histoire, lancer, relancer. Pour travailler le temps, il s’appuie sur trois acteurs, une musicienne, et le public, qui va, par ses suggestions élucubrantes, décider du destin des personnages, des personnages aussi, d’ailleurs.
Hier soir, ça a fait une histoire insolite, amusante, touchante, ça ne sert à rien de vous la raconter, la Honte de Caroline n’a eu qu’une soirée d’existence, vous ne la reverrez sans doute jamais. Mais nous on l’a vue, et on a passé une soirée trop courte à rire plus ou moins jaune, à rire tout le temps.
Ca n’est pas un match d’improvisation, qui peut s’enliser. C’est du vrai théâtre, du vrai théâtre improvisé, où chacun reçoit, prend et relance la balle de l’autre, quand parfois ils ne sont pas dans le même plan, ça ajoute du sel à la chose. C’est du théâtre maîtrisé, si l’un a construit un mur, l’autre attendra qu’il y ait une porte pour le franchir. C’est du théâtre rythmé, la maitresse du temps est là, relance, oriente, ajoute une épice quand il en est besoin. C’est une vraie maîtresse, l’œil sur la montre, « ça on le verra pas il va falloir conclure », quoi ? déjà ? c’est tellement prenant que je n’avais pas vu passer le temps. C’est du vrai théâtre, avec une histoire qui se tient, qui fait des tours et des détours au hasard des instant, avec des personnages tranchés et touchants, avec un destin qui nous implique.
Baroudeur et Fléchette étaient là, Fléchette qui n’a peur de rien a ajouté son grain de sel, quand on pose une question, elle répond. C’est donc elle qui a remué la clochette, choisi la posture de départ, que la salle a pimenté en « Ca se passe dans un mariage, l’une a envie de faire pipi, l’autre tient un cactus ».
Si vous doutez qu’on peut passer un excellent moment avec ce point de départ, allez vérifier. La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’on a tous les trois passé un moment mémorable. Vous doutez encore ? La seule façon que vous avez de savoir, c’est d’aller voir.