
Du 10 au 14 mai 2023, La Garance SN de Cavaillon organise le festival Confit ! des spectacles, des dégustations, des conférences, des balades, des ateliers, des visites, des fêtes. De quoi réjouir ceux qui ont compris Baudelaire : Enivrez-vous !
Confit. Un mot hors du temps. Le souvenir de la jarre en terre, pleine de graisse, dans laquelle on plongeait la main pour aller à la pêche d’un morceau de canard. Et puis les figues confites de Daloyau. Savourer un confit, c’est un plaisir transgressif, un peu régressif. Un plaisir qui se partage, la compagnie et les mots importent autant que les goûts.
Comment présenter autrement le festival Confit ! autrement qu’en citant Baudelaire…
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.
C’est au fond ce que nous propose Chloé Tournier, la Directrice de La Garance avec Confit !, du 10 au 14 mai 2023. Un festival qui prend différentes formes : des spectacles, des dégustations, des conférences, des fêtes. De quoi réjouir les sens, de quoi vous enivrer pendant cinq jours. Cinq jours de pétillances artistiques et culinaires. Il y a à voir, et à manger.
Au piano, j’allais dire à la baguette, Emmanuel Perrodin, le chef invité. Les mots de la musique rejoignent ceux de la cuisine. Tout est né d’une rencontre entre ce chef-cuisinier marseillais nomade et une violoncelliste imprévisible, Noémi Boutin. La fascination entre ces deux-là naît immédiatement et se nourrira plusieurs années durant avant qu’ils rassemblent sur un plateau leur savoir, et surtout, leur sensibilité. Leur point de ralliement ? La bouillabaisse. L’intuition leur vient d’un texte que l’écrivain Raymond Dumay consacre à cette soupe populaire provençale. Il écrit : « L’homme a inventé la bouillabaisse mais le vent en dicte la recette du jour. Pour connaître le parfum qu’aura la soupe à midi il suffit de humer, c’est certain, à minuit l’odeur de la rose des vents ». Si cette phrase les touche c’est qu’elle les renvoie à une certaine façon d’appréhender le monde. Tous deux maîtrisent, c’est peu de le dire, la technique de leur art respectif. Et pourtant, ils en sont convaincus : la vie est ailleurs. Emmanuel n’a de cesse de répéter qu’un plat – et a fortiori, la bouillabaisse – est bien plus qu’une recette, bien plus que des ingrédients. Comme la musique, en somme.
Au programme ?

Ça met l’eau à la bouche !
Pour en savoir plus : le site de la Garance.
Confit ! du 10 au 14 mai 2023
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur http://www.jenaiquunevie.com