Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

Dans la salle, une table est installée, qui attend le metteur en scène. Sur la scène, des chaises alignées, You can’t always get what you want (The Rolling Stones) en sourdine dans les enceintes. Les acteurs entrent en scène, s’assoient, texte à la main. Une chorégraphie, un dialogue s’installe, c’est une audition, chaque postulant est interrogé, pourquoi monter Macbeth, pourquoi chacun d’entre eux veut-il le rôle de Lady Macbeth ?

Petit à petit, chacun dévoile sa personnalité, la raison pour laquelle il veut jouer, ou monter, la pièce écossaise, puisque prononcer son nom porterait malheur. Chacun veut être Lady Macbeth, la metteuse en scène ne tranche pas, elle teste les limites de chacun, la borne qu’il est prêt à franchir pour avoir le rôle. La méfiance et la jalousie s’installent, l’arrivée d’un acteur expérimenté pour tenir le rôle de Duncan n’arrange pas les choses. Plus tard, l’ambiance vire au thriller.

En répétition est la première itération du nouveau processus de création du Studio ESCA, commander chaque année un texte à un auteur contemporain, écrit pour les apprentis et monté de façon professionnelle. Sur scène, peut-être pour la première fois, des jeunes gens qui ont choisi la scène, dont certains ont le potentiel d’occuper plus tard le haut de l’affiche, on le leur souhaite. Faisons donc abstraction des contraintes imposées, donner à chacun l’occasion d’un grand monologue, démontrer le spectre des capacités. Elles conduisent à un spectacle un peu long ? Élaguons.

Le texte de Samuel Gallet déroule trois ambiances intrigantes. L’ambiance des répétitions, les acteurs qui se liguent contre l’une d’eux, la quête de Vera, chaque intrigue se tient, et la façon dont elles s’intriquent relance régulièrement l’attention du spectateur. Chacun des personnages est bien typé, bien servi, aucun ne déborde que ce soit par le texte ou par le jeu. La distribution, forcément un peu inégale, tient le choc d’un exercice de style dont la marche est assez haute. J’ai savouré la qualité de la direction d’acteurs et de la mise en scène de Vincent Arfa et Paul Desveaux, comme j’ai apprécié l’absence de vidéo. On imagine assez bien comment le spectacle pourrait être concentré, que les spectateurs pourront alors se régaler d’une pièce ramenée à quatre vingt minutes et cinq personnages.

Expérience #1, En répétition, la promesse est tenue et bien tenue. Chacun des apprentis du Studio ESCA est poussé à ses limites, il peut démonter l’étendue de ses capacités, dans un intrigue qui tient l’intérêt du spectateur sur la durée, sur un texte et dans une mise en scène qui jamais ne débordent. Sur deux heures et demie ? nombre de pièces remplissent les salles sans pouvoir en dire autant.

Au Studio Esca (Asnières) jusqu’au 26/02/23
Jeudi : 19h00 / vendredi : 20h00 / samedi : 18h00 / dimanche : 15h00

Texte : Samuel Gallet
Avec : Aleksandra Betanska, Serge Biavan, Fabien Chapeira, Gary Guénaire, Jeanne Guinebretière, Ilyes Hammadi Chassin, Ada Harb, Maxime Lambert, Joris Mugica, Milena Sansonetti, Fiona Stellino
Mise en scène : Vincent Arfa et Paul Desveaux

Visuel : Paul Desveaux