One Dollar Story – Les Plateaux Sauvages : le Road Trip de Sophie Desmarais, un monologue initiatique bluffant

One Dollar Story aux Plateaux Sauvages : Sophie Desmarais raconte le Road Trip de Jodie, enfant des 70’s qui part à la recherche de son père biologique. Un long monologue bluffant, écrit par Fabrice Melquiot et mis en scène par Roland Auzet

Sur une scène toute blanche, des tables et des chaises, de celles qu’on voit sur les terrasses de restaurant en montagne. Un grand frigo aux portes vitrées. Voilà Jodie, pressée, sac à dos aux motifs camo. Je m’assois ? non, finalement non, je reste debout…

Jodie est une jeune femme américaine, comédienne, qui vit à Portland. Une enfant des 70’s, un père plein d’amants, une mère absente. Un jour, elle découvre que son histoire est plus compliquée que celle qu’elle croit connaître. Alors elle part, en bus, sur les traces de ses origines, vers son père biologique, croisant un coffre forcé où ne se trouve qu’un billet de un dollar, l’extraterrestre de Roswell, une évocation de Tchekhov. Jusqu’au moment où tout se met en place, dans l’évocation poignante d’un dessin d’enfant.

Mise en scène par Roland Auzet, Sophie Desmarais s’empare du texte dense de Fabrice Melquiot, et le sert à la mitraillette. Elle commence sur les chapeaux de roues, ne ralentit pas. Pendant une heure et demie elle est sur scène, traçant son histoire à grand coups de brosse, une histoire qu’elle ne comprend pas, d’ailleurs ce qu’elle comprend le mieux, c’est les autres. Pas d’histoire à elle qui ne soit d’abord celle des autres.

Petit à petit, détail après détail, étape du road trip après étape du road trip, l’histoire se construit. Avec elle, on prend le bus pour un voyage de trente et une heures. Avec elle, on est piqué par les punaises de lit. Avec elle, on découvre la liberté de sa mère, sa liberté, les hommes et les femmes qui l’ont entourée. Elle nous bombarde de précisions qui submergent le spectateur sans jamais le noyer, construisant petit à petit un immense tableau. On n’est pas dans le pointillisme de Seurat, on n’est pas dans le réalisme de Hopper, on est dans l’épopée des Sabines de David, bourré de détails dont chacun est accessoire, qui tous sont nécessaires, qu’on n’a pas besoin d’examiner tous.

Le résultat est bluffant. Bluffant, le travail de Sophie Desmarais, sa palette de jeu, l’énergie qu’elle déploie pour servir le texte. Bluffant le tableau qui s’est construit, touche après touche, racontant son histoire à travers celle de ceux qui l’ont croisée, elle remonte à la source de ses origines, trouve son Graal en parcourant en bus les forêts, les montagnes, les déserts…

J’ai regretté l’usage du micro, inutile compte tenu de la taille de la salle et de la voix de Sophie Desmarais. Le léger retard qu’il introduit gêne la compréhension d’un texte dense et bien servi, qui a besoin de la concentration constante du spectateur.

One Dollar Story est un road movie qui raconte la quête initiatique de ses origines par une enfant de la liberté des 70’s. C’est un beau texte servi par une merveilleuse actrice. C’est un beau moment de théâtre, à savoir aller savourer aux Plateaux Sauvages.

Aux Plateaux Sauvages jusqu’au 17/02/23
Du lundi au vendredi : 19h00 – samedi : 16h30

Texte : Fabrice Melquiot
Avec : Sophie Desmarais
Mise en scène : Roland Auzet

Visuel : Pauline Le Goff

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