Dans la Forêt Disparue – L’Échangeur Bagnolet

Dans la Forêt Disparue à L’Échangeur Bagnolet : Coup de Cœur pour ce très beau conte urbain. Initiatique, il raconte à l’enfant qui grandit ce qui l’attend. Écologique, il l’invite à agir rapidement pour sauver ce qui reste de nature.

En fond de scène, une haute structure métallique porte des feuillages, un mur de papier, une ambiance japonaise. Plus en avant, un banc, une casquette est posée dessus. Une ombre, le rythme d’une machine, une respiration difficile. Ça commence de jour là, cette histoire, le jour où grand-papa Marcel emménage chez sa fille…

Un vieux sorcier, ce grand-papa Marcel, qui a besoin de l’assistance d’une machine pour respirer, une machine qui lui permet d’entendre à distance les voix du monde.

Voilà Oli, son petit fils, encore un enfant, parti se promener, la promenade est un jeu, empli des craintes de sa mère, Oli a peur de tout. Et puis voilà Valérie, qu’on appelle Val, bientôt prête à dompter le monde. Leur univers tient dans quelques rues de la ville, dans un parc dont l’aire de jeu est, la nuit, le territoire d’une bande d’ados. Ensemble, sur les traces du trésor caché de grand-papa Marcel, ils vont pénétrer dans la forêt qui borde la ville, ou du moins ce qu’il en reste.

On va les suivre de l’enfance à l’adolescence, ils vont se découvrir, s’affronter, affronter leurs peurs. Dans ce monde dont les parents sont absents, ils vont chercher leur place, se perdre, se retrouver. En prenant conscience de la souffrance de la nature, de l’urgence qu’il y a à préserver ce qui n’a pas encore été détruit.

Pas à pas, sous le guidage à distance d’un ancêtre bienveillant, Oli va grandir, découvrir la vie, les filles, accepter d’avoir peur, comprendre que le courage, c’est de dompter sa peur, de laisser sortir ses sentiments. Val aussi, grandit, qui devra dompter sa capacité de séduction. Ils vivent leur aventure avec la luminosité étonnée des enfants qui font face à de nouvelles questions, c’est à eux de porter les réponses.

Il m’a fallu quelques minutes pour rentrer dedans, et Dans la Forêt Disparue m’a embarqué, convaincu.

Léa Delmart va grandir avec Oli, Joséphine Thiocone laisser apparaître la séduction de Val, et Antoine Formica porter les costumes des porteurs successifs du conte. Olivier Sylvestre est Québécois, son beau texte en porte les traces, dans les formules, dans le nom des rues, prenez le temps, en sortant, de chercher la rue de Bucarest, Vimont, Laval, vous comprendrez la réalité du conte, vous verrez comment la ville a gagné et gagne sur la forêt, vous comprendrez comment, en deux générations, la forêt qui hébergeait les ados qui cherchent leur place s’est transformée en un quadrillage de béton. La mise en scène d’Irène Voyatzis, qui sait évoluer entre l’étonnement joyeux et la tension, s’appuie sur des codes que le jeune public saura parfaitement adopter et comprendre.

C’est un très beau conte, par son propos, et par sa forme. Un conte urbain, qui se déroule dans les rues d’une ville horizontale. Un conte initiatique qui démine le passage de l’enfant au jeune adulte, en passant par cet inconnue qu’est l’adolescence. Un conte écologique qui rappelle l’urgence climatique dans laquelle nous vivons. Qui rappelle l’importance de savoir où sont ses racines, au sens propre de la nature, au sens figuré de savoir d’où on vient dans une ville où les origines sont si diverses.

Un très beau conte à ne pas rater si dans votre univers vous avez le souci d’un enfant qui grandit. Emmenez-le avec vous, laissez-le se blottir contre vous dans l’obscurité, recevoir les messages dont il a besoin (oui, ils sont dans le texte), vous remercier sur le trajet du retour.

L’avis de Baroudeur (13 ans) : cette représentation était un des meilleurs spectacles que j’ai jamais vu car on peut s’identifier à quasiment tous les personnages. Oli est un petit garçon qui au début a peur de tout mais on le voit progresser, avec son amie Val. Il grandit, il comprend que les vrais mecs ça peut pleurer et avoir peur. Cette pièce peut ouvrir les yeux à plusieurs personnes, les parents pour qu’ils comprennent les ados et les ados pour qu’ils sachent ce qui va leur arriver et qu’il faut préserver la nature

A l’Échangeur Bagnolet jusqu’au 10 mai 2022
04-05-06-07-09-10/05 : 14h30 / 06-07/05 : 19h30 – 10/05 : 10h00

Texte : Olivier Sylvestre
Mise en scène : Irène Voyatzis
Avec : Léa Delmart, Antoine Formica, Joséphine Thiocone
Compagnie du Dahlia Blanc

Visuel : Anne Baron – Jeux de lumières aux frondaisons

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Une réflexion sur “Dans la Forêt Disparue – L’Échangeur Bagnolet

  1. - x - 9 mai 2022 / 13 01 37 05375

    Bonjour Monsieur,
    J’ai vu ce spectacle je l’ai même adoré!!

    Sachez qu’une enfant de 12 ans ne dompte pas sa capacité de séduction, puisqu’elle a 12 ans…..

    Et Oli ne découvre pas les filles puisque c’est justement l’inverse…….

    Et par conséquent l’actrice Josephine Thiocone laisser apparaître la séduction de Val. Elle joue une enfant.

    Les mots sont extrêmement importants, surtout quand on parle de théâtre!!!!!

    Ce spectacle est poétique et grandiose et surtout avant tout un jeune public!

    Bien à vous !

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