
Courez voir Comme il vous plaira à la Pépinière : Léna Bréban signe une version chorale et jubilatoire de la pièce de Shakespeare, Barbara Schulz en merveilleuse Rosalinde qui découvre l’Amour, entourée d’une belle troupe au plaisir contagieux
Le rideau s’entrouvre… sur un voile. Voilà Adam, vieux serviteur, qui avance à petits pas, rejoint par Orlando. Je me souviens bien, Adam. Je n’ai hérité que de mille écus parce que mon père a chargé mon frère Olivier de m’élever dignement. Et voilà la cause de mon malheur.
Olivier complote pour qu’Orlando soit tué à la cour du Duc. Lequel Duc a banni son frère aîné dans des temps anciens, tout en recueillant la fille, Rosalinde, qui tient lieu de sœur à sa propre fille Célia. Elles ont grandi, leurs cœurs commencent à ressentir les premiers émois de l’Amour. Le Duc se méfiant de Rosalinde, la bannit. Célia décide de la suivre, elles se déguisent, et les voilà parties dans un périple improbable, qui rachètent une ferme, retrouvent le Duc banni, croisent toute une galerie de personnages.
Mais surtout, dans leur voyage initiatique, elles croisent l’amour. Sous toutes ses formes. Passion, raison, soudain, retenu, fraternel. Elles l’observent, l’analysent, s’en moquent, en sont les premières victimes très consentantes, elles l’ont annoncé… Et si nous tombions amoureuses ?
Léna Bréban s’est saisie du texte de Shakespeare, elle en donne une version chorale, enchantée et pétillante qui fonctionne magnifiquement, en y insérant quelques chansons pops que la salle reconnaît et fredonne. Pas de scénographie compliquée, un voile, un escabeau, quelques cordes, ils occupent tout l’espace du théâtre, la scène, la salle, le balcon, ils jouent, ils chantent, ils ont plaisir à être ensemble, ce plaisir contagieux entraîne le spectateur dès les premières scènes.
Au cœur de la distribution, Barbara Schulz est merveilleuse, magique, bluffante de talent. Elle prend la lumière et sait la partager, entraînant avec elle, Lionel Erdogan, frère ruiné, amoureux désespéré, mais teelllllement séduisant, et Ariane Mourier, pétulante Celia-Aliéna. La distribution est homogène, talentueuse. Éric Bougnon, Léa Lopez, Adrien Urso, Adrien Dewitte, Jean-Paul Bordes, ils sont tous bons. Avec une mention particulière pour Pierre-Alain Leleu parce qu’il est Jacques, le baladin mélancolique au faux air d’Higelin, qui vient nous rappeler que le monde entier est un théâtre, que nous sommes des comédiens.
A la fin de la pièce, les spectateurs sont enchantés, ils ont ri, ils ont admiré, ils ont applaudi. Et, pour conclure cet excellent moment, ils ont chanté en chœur. Le fou se croit sage, le sage sait qu’il n’est qu’un fou ? Peut-être. Mais… nous avons toute la vie pour nous amuser, nous aurons toute la mort pour nous reposer.
Précipitez-vous pour voir la pièce.
A La Pépinière jusqu’au 31 mars 2022
Du mardi au samedi : 21h00 – dimanche : 15h00
Texte : William Shakespeare adapté par Pierre-Alain Leleu
Avec : Barbara Schulz, Ariane Mourier, Lionel Erdogan, Pierre-Alain Leleu, Éric Bougnon, Léa Lopez, Adrien Urso, Adrien Dewitte, Jean-Paul Bordes
Mise en scène : Léna Bréban
Visuel : Michel Bouvet