
Les vies de Swann au Studio Hébertot : une série de tableaux bâtis sur l’énergie de Marc Citti, une histoire attachante d’amour père-fils qui affrontent ensemble la vie de l’un et les angoisses de l’autre.
Les parents sont debout, dos au public, au fond de la scène. On voit une jeune femme couchée, un enfant en pyjama sur un banc incliné. Mélanie, ma baby sitter, est profondément endormie. Entre maman. Bonsoir, Mélanie…
Swann a un an, son père en a cinquante, sa mère se noie dans sa vie professionnelle, chacun des deux est attaché à de fortes racines, religieuses, culturelles. Swann, pour s’endormir, a inventé un jeu avec son père, ils imaginent leur future vie. Dans cette vie, Swann traverse les âges, il grandit, rajeunit. Il se découvre, découvre la vie. Dans cette vie, Mathieu, son père, croise et recroise les pas de son meilleur ennemi, ce sont autant les vies de Swann que les vies du père de Swann.
La pièce est conçue comme une série de tableaux successifs, que j’ai reçus comme ces photos qu’on regarde sur la cheminée de ses amis quand un après midi s’étire en langueur. Il y a celles qui vous amusent, celles qui vous parlent, celles qui ne vous parlent pas. Celles qui éveillent votre curiosité quand elles évoquent une culture, une religion, des racines qui ne sont pas les vôtres. De cette collection de hasard finit par se dégager un sentiment d’harmonie dont on devient un peu envieux, parce que l’herbe est toujours plus verte dans le champ d’à côté.
Des tableaux qui dessinent une belle histoire d’amour, l’amour entre un père et un fils, chacun rend l’autre plus fort, chacun est auprès de l’autre quand il le faut. Jusqu’au dernier tableau, la dernière partie que tout le monde perd, celle dont on garde l’espoir qu’en disant pouce la vie redeviendra un jeu.
Plus qu’aux tableaux successifs, c’est à cet amour père-fils que j’ai d’abord été sensible, dans cette pièce attachante qui tient sur la présence et la personnalité de Marc Citti, son l’énergie phénoménale occupe l’espace, auprès de lui, le reste de la distribution a parfois du mal à exister. Une présence qui, avec un peu de recul, conduit à s’interroger sur le vrai héros de la pièce, plus que Swann le fils, c’est peut-être Mathieu, le père, sa peur de réussir, son incapacité à se libérer de ses racines et de ses angoisses.
Au Studio Hébertot jusqu’au 23/02/22
Mardi : 21h00 – Mercredi : 19h00
Texte : Marc Citti
Avec : Elise Larnicol, Marion Harlez-Citti, Arnaud Dupont, Marc Citti
Mise en scène : Marc Citti
Visuel :
Une réflexion sur “Les vies de Swann – Studio Hébertot”