Underground – Les Déchargeurs

Underground aux Déchargeurs : un cri, une leçon de vie, un appel à soutenir avec bienveillance ceux qui sortent des rails qu’on avait tracés pour eux. Texte et mise en scène : Julie R’Bibo, jeu : Clémentine Bernard.

Sur la scène, deux chaises, côte à côte. Voix off, je n’aime pas les sous sols… j’ai peur du métro. Des pas résonnent, le buzzer qui annonce la fermeture des portes du métro. Dans un pinceau de lumière, une femme est assise. J’étais là, devant sa porte. J’ai attendu.

Le temps d’arriver au terminus de la ligne, cette femme va nous raconter ses rencontres, ses vies. Une femme perchée sur ses talons, protégée par son imperméable, son foulard, ses lunettes noires, comme dans un film italien des années 60. Une première vie bien conforme au modèle dont on l’a gavée, un modèle dans lequel la transgression est aussi petite que balisée. Une réception, la voilà fiancée, mariée, le voilà parti. Une deuxième vie qui la met face à ses doutes, à ses limites. En découvrant un monde bohème et underground qui lui est étranger, la femme se découvre, croque la vie. Ses deux pans de vie ont pris fin, chacun à sa façon, la femme les relit, les revis, à cette aune, un des deux valait le coup, elle poursuit son chemin.

Underground est de ces pièces qui placent le spectateur face à lui même, il n’a fait que la moitié du parcours quand il sort de la salle. Il vient de ressentir ce qu’a ressenti cette femme qui a dû sortir du chemin qu’on avait tracé pour elle, il sort face à ses interrogations. Est-ce que lui même est sorti de ces rails ? Est-ce qu’il trace les rails de ses enfants ? Est-ce qu’il a su leur ouvrir l’horizon ?

S’il se conclut sur un appel, le texte de Julie R’Bibo est un cri. Soutenu par la très belle lumière de Mélisse Nugues-Schönfeld, souligné par le son de Guillaume Léglise, le jeu de Clémentine Bernard en donne la clé. Poings serrés, débit rapide, il marque la tension, l’enfermement de cette vie tracée qui ne lui correspond pas, parce qu’elle ne s’est pas déroulée comme prévu. Puis son appréhension quand elle explore un autre monde, la vie qui lui correspond. Elle croque cette vie, elle se détend, le débit s’apaise, la voix devient musicale. Point d’angélisme, pas de happy end pour aucune de ses vies. Sans porter de jugement de valeur, une seule des deux valait le coup, les deux portent une leçon de vie.

Underground est un cri, un cri de femme, un cri qui s’adresse à tous, les mères, les pères, ceux qui ont trouvé la voie qui leur convient, ceux qui la cherchent, ceux qui sont restés sur les rails qu’on leur avait tracés. Un cri et un appel.

Est-ce que c’est vrai que c’est mieux, là bas ? Je ne sais pas, mon enfant, mais va.

Aux Déchargeurs jusqu’au 25/01/22
Lundi, mardi, dimanche : 21h00

Texte : Julie R’Bibo
Avec : Clémentine Bernard
Mise en scène : Julie R’Bibo

Visuel : Julie R’Bibo

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