Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

Sur la scène, trois pans de plastique brillant, tombant du plafond. Des écrans de grande taille. Un pupitre. De la coulisse, la voix de Tania de Montaigne. Prenez une profonde inspiration. Soufflez et suivez ma voix. Le texte s’affiche sur les écrans.

Tania de Montaigne entre en scène, avance vers le pupitre, commence à lire son texte, parle de ses premières années, de ses cheveux, devant des publicités L’Oréal. Martèle son message : noire est descriptif, Noire assigne et enferme. Comment elle en a pris conscience, l’a vécu. Pour faire réfléchir, étendre.

Le spectacle prend la forme d’un happening pas vraiment préparé entre gens convaincus de l’absolu de leur message. Une réunion de cellule wokiste où les propos manichéens alternent avec la mise au pilori de situations dont le souvenir n’est effectivement pas glorieux.

C’est dans la salle que le spectacle devient glaçant. Quand une jeune femme prend la parole pour tenir des propos plus que maladroits, que les attaques personnelles, le qualificatif nazi, fusent à plusieurs reprises de l’assistance dont la moitié approuve le mot de la tête, l’autre moitié étant trop sidérée pour réagir.

J’ai eu le sentiment de me retrouver au cœur d’une expérience de Milgram, où la pensée unique et la bonne conscience ont pris la place de l’autorité. Ou dans une version collective de 1984.

Si son message initial est plein de bon sens, le spectacle n’est pas prêt, il pèche autant par la mise en scène que par le jeu. Les wokistes se sentiront chez eux, entre eux, les autres trouveront qu’il finit par démontrer le contraire de ce qu’il voulait porter.

Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 16 octobre 2021
Du mardi au samedi : 21h00

Texte : Tania de Montaigne, adapté par Tania de Montaigne et Stéphane Foenkinos
Avec : Tania de Montaigne
Mise en scène : Tania de Montaigne