
Horvath Apatride à la Comédie Nation : un hommage à un auteur un peu oublié qui se transforme en message d’alerte sur la montée des nationalismes, pour un bon moment de plaisir théâtral.
Ödön von Horváth est un dramaturge et romancier de langue allemande né le 9 décembre 1901 à Sušak, un quartier de Fiume (ancien nom italien de la ville désormais croate de Rijeka) et mort accidentellement le 1er juin 1938 à Paris. Ca, c’est Wikipedia qui le dit. La mort accidentelle, c’est une branche qui tombe d’un arbre, devant le théâtre Marigny, d’ailleurs il y a une plaque pour le commémorer.
Horvath est né en Italie, il est le fils naturel d’un diplomate qu’il va suivre au fil de ses affectations, Belgrade, Budapest, Munich, Bratislava, Vienne… Dans ce moment de l’histoire où les nationalismes montent, Horvath finit par perdre tout sentiment d’appartenance à une nation. Il vit dans une Allemagne où Hitler (qu’il va rencontrer) prend petit à petit le pouvoir, ses œuvres, dans un style féroce, dépeignent le peuple qui l’entoure, dénoncent la lâcheté des dirigeants, la manipulation des nationalistes, les ravages de la bêtise, le tragicomique du mensonge. Sa vie est tumultueuse. Le succès de ses pièces conduisent les nazis à brûler ses livres, le conduisent sur le chemin de l’exil.
Le texte de Matéo Troianovski rend hommage à cet homme avec affection et finesse. Il met en scène l’artiste déraciné, seul face à un combat qu’il sait d’avance avoir perdu.
C’est quand j’ai compris ça que je suis véritablement rentré dans la pièce. Bien sûr on accompagne Horvath au fil de sa vie, en croisant les personnages qui ont fait son destin. Mais surtout on explore sa solitude, on la voit se renforcer, on suit l’étiolement de son optimisme viscéral, petit à petit empoisonné par les nationalismes. C’est cette exploration qui m’a embarqué, emmené dans une mise en perspective, c’était il y a un siècle, voilà à nouveau les nationalismes qui montent, les intégrismes qui prennent le contrôle.
Et pourtant, la pièce n’est pas triste. Il y a de l’humour, on sourit, on est touché, et ce qui pouvait faire peur se transforme en un bon moment de plaisir théâtral.
A La Comédie Nation jusqu’au 29 octobre
Vendredi 19h00 – Samedi 18h30
Texte : Matéo Troianovski
Avec : Fanny Le Pironnec, Juliette Derkx, Matéo Troianovski
Mise en scène : Elie Rofé