
Dans un moment intemporel, Colette est venue, en voisine, en visite, dans la maison de Romain Rolland à Clamecy. Sur la harpe de Françoise de Maubus, incarnée par Solange Boulanger, un petit bout de bonne femme amusante et joyeuse se laisse découvrir. Un spectacle de grande qualité, donné dans le cadre des ClamecyClasses, à ne pas manquer.
Est-ce une scène ? Nous sommes dans le grand salon de la maison de Romain Rolland, devant la cheminée, une harpe (Dieu que cet instrument est imposant), une table de travail, quelques objets. Pour tout éclairage, deux lampes sur pied. On est chez Colette, et Colette va venir parler.
Françoise de Maubus s’installe à la harpe, Solange Boulanger devant la table. Fauré s’envole, voilà La Chaufferette, un outil bien oublié maintenant que le chauffage central a chassé le froid et l’humidité des maisons.
Ce n’est pas une conférence qui viendrait nous enseigner la vie de Colette, ou nous faire découvrir la vie de Colette, personnage public devenu idole féministe. Solange Boulanger va lire six textes, soutenue par la musique de Fauré, Ravel, et autre Debussy. Lire, ça fait peur, ça rappelle l’école primaire, les textes ânonnés sous la férule de l’instituteur. Solange Boulanger va leur donner vie, sa voix est un instrument de musique, elle suit une partition, nous transmet les mots, bien sûr, nous transmet surtout les émotions derrière les mots. Devant nous, pour nous, elle va évoquer, avec une infinie pudeur, Colette, la femme, prise dans sa vie, dans son intimité, à travers ses petites joies du quotidien.
La joie de se glisser dans des draps bien chauds, la joie de voir et revoir ses chats, ils sont ici, pas tous, ils sont là, rassemblés. La voici qui dialogue avec son habilleuse, qui vient du Music Hall, qui s’amuse des habitudes différentes. La voilà qui profite de Massené et Fauré, lancés dans une bataille de phrases musicales improvisées. Qui se souvient de Sido, sa mère.
Et moi je savoure. Je sors sans avoir appris aucun élément de la biographie de Colette, en ayant l’impression d’avoir passé une heure passionnée dans un salon, au jour d’une relation commune, Colette était là, par hasard, qui s’est racontée, livrée, à travers quelques anecdotes. Un petit bout de bonne femme, amusante et enjouée.
Baroudeur est assis à côté de moi, qui demande régulièrement à voir l’heure. Il s’ennuie ? Au contraire, il me glisse à l’oreille « Papa, le temps passe trop vite ». Quand les dernières notes de l’Impromptu de Fauré s’estompent, il se serrera contre moi, « Papa, je suis rempli d’émotions ». Il vient de relire, « c’est entièrement ça, c’est vraiment ce qui s’est passé ». Fléchette, pour sa part, a trouvé le spectacle formidable, accessible à tout âge. Elle a apprécié le mélange harpe-textes, la qualité et l’implication des interprètes. Elle a particulièrement savouré La Chaufferette et L’Envers du Music Hall (textes), le Jardin Féérique (Ravel) .
Un beau spectacle, de grande qualité, où la musique et les mots se joignent pour former une partition, pour transmettre une gamme d’émotions, à ne pas rater quand il passera près de chez vous. En y emmenant vos enfants, sans doute à partir de 9 ans, qui seront, à leur façon, immensément réceptifs, laissez-les vous parler ensuite.
Passionnément Colette était donné dans le cadre des ClamecyClasses, organisées à Clamecy chaque troisième semaine de juillet, qui offrent à tous ceux qui touchent à l’art (débutants, amateurs, passionnés et professionnels) un espace de découverte, d’enseignement et de partage.
Avec : Françoise de Maubus (Harpiste), Solange Boulanger (Comédienne)
Textes : Colette
Musiques : Debussy, Fauré, Ravel, Tournier
Je viens de lire ta chronique tu donnes envie d’aller voir le spectacle sur Colette. Je sors de la comédie Française. Emballée,ravie, joyeuse avec un grand appétit pour la vie Kisses and love Envoyé depuis mon appareil Galaxy
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