Hermann

Hermann, c’est un conte, une histoire d’amours, un thriller psychologique que j’ai savouré sans modération, du théâtre comme je l’aime, quand une histoire différente se crée dans la tête de chaque spectateur.

Un grand voile barre la scène. L’image d’un long couloir y est projetée. Une femme, sur le côté de la scène, elle porte un manteau, un sac à main. « Bonjour, je m’appelle Léa Paule, je suis médecin neurologue, je travaille dans le nord ». Son mari est également neurologue, et son problème immédiat, c’est qui va aller chercher les deux enfants au conservatoire. Elle raconte qu’elle remonte le couloir, qu’elle entend une voix derrière une porte, un accent russe, « Bien sûr je peux répéter les trois mots ».

L’histoire est en route. On va croiser Daniel, le professeur de neurologie, le mari de Paule. Olia, sa première femme, il ne connaît pas son passé, il l’a achetée en Russie. Et puis Hermann, qui ne sait pas trop qui il est, alors nous non plus, mais il a connu Olia avant d’aller en Afghanistan. Maintenant, avant, ailleurs, on va les suivre, les voir se rejoindre, s’aimer. Les comprendre ?

Hermann, commence un peu comme un conte, s’explore comme une histoire d’amours, se révèle petit à petit être un thriller psychologique, genre Shutter Island, raconté à la sauce Quatrième Dimension avec une touche de télé réalité. Plus la pièce avance, plus le spectateur s’interroge, plus il construit sa propre réalité, pendant que les personnages racontent ce qu’ils font, ou ont fait, tout autant qu’ils agissent. Avec au milieu, il faut bien détendre le spectateur, une séquence caustique qui n’aurait pas déparé un film de Jean-Pierre Mocky.

Quand Claudine Charreyre est entrée en scène, elle attrapé mon attention, et ne l’a pas lâchée. Avec elle, j’ai découvert les recoins de l’histoire tout autant que les recoins de la scène, une boite noire… qui s’ouvre de tous les côtés, des interstices de laquelle surgit la lumière. Avec elle, je me suis retrouvé seul à la fin face à cette boite noire qui s’était refermée, le moment où il fallait bien avoir une interprétation, imaginer quelle était l’histoire qui venait de se jouer, dans quelle tête le spectateur venait-il de passer une heure et demie. J’ai reçu la pièce bribe par bribe, tout s’est éclairé, sédimenté, je sortais de sa tête. Quand, avec mes compères, nous avons confronté nos visions, chacun avait son interprétation, différente. C’est la magie de cette pièce, de finir par mettre chacun face à ses propres questions, où sont mes portes, qui veux-je rejoindre, à quel prix ?

Vous l’avez compris, j’ai aimé la pièce, et en parler à l’issue. Hermann, c’est le théâtre que j’aime. Le théâtre qui raconte une histoire. Une histoire qui se crée dans la tête du spectateur. Une histoire qui se continue une fois qu’il est sorti de la salle. J’ai savouré le texte de Gilles Granouillet, apprécié la mise en scène de François Rancillac, la scénographie, la lumière. Admiré le jeu de Claudine Charreyre. Trouvé le personnage de Daniel transparent, manquant dans le jeu du caractère qu’il y avait dans le texte, il ne rejoint jamais vraiment personne, ceci explique peut-être cela.

Hermann n’est pas une histoire linéaire, c’est une énigme qui se construit, à laquelle chacun va trouver sa solution. Alors laissez-vous tenter, laissez vous embarquer, savourez, et applaudissez longuement à la fin.

En tournée en fonction des contraintes sanitaires :
25-26/03/21 : Espace culturel Albert Camus du Chambon Feugerolles, en co-accueil avec la Comédie de Saint-Etienne/CDN (42)
07/04/21 : Maison des Arts du Léman, scène nationale de Thonon-Evian (74)
13/04/21 : Espace St Exupéry de Franconville (95)
15/04/21 : Théâtre Victor Hugo de Bagneux (92)
06/05/21 : Onde à Vélizy-Villacoublay (78)
en cours : Scène nationale de Dieppe, Théâtre d’Aurillac, Théâtre de Roanne…

Texte : Gilles Granouillet
Avec : Daniel Kenigsberg, Claudine Charreyre, Lenka Luptáková, Clément Proust
Mise en scène : François Rancillac
Assistante à la mise en scène : Christine Guênon
Scénographie : Raymond Sarti
Costumes : Sabine Siegwalt
Lumière : Guillaume Tesson
Son et composition musicale : Sébastien Quencez
Régie générale : Jérôme Aubert


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