La nouvelle création de Marien Tillet installe The Twilight Zone dans les salles de classes. Vous pouvez regretter d’avoir eu votre bac. Ou essayer de la faire venir et essayer de vous glisser au fond de la classe.
Nous sommes dans une salle de classe, le professeur – d’anglais – fait l’appel du demi-groupe, globalement présent. Un intervenant est à son côté. « Bonjour, ça va ? Je suis venu vous parler de comment ça se passe quand on crée un spectacle. » Avant de commencer, il lance un test technique, line check du looper, en mode beatbox.
Stop. Ce n’est pas un plateau, ni une scénographie. Nous sommes dans une vraie salle de classe, de vrais élèves de seconde assistent à la représentation de P.E.C.S., pour Parcours Embûché de la Création d’un Spectacle. Tout est dans le titre.
Vous pouvez vous arrêter là, au Quoi. A la technique, l’enchaînement des choses, le rôle des intervenants, la différence entre un auteur mort (ou classique), vivant (ou contemporain), et la création au plateau…
Le talent de Marien Tillet, c’est d’aller bien au delà. N’oubliez pas, P.E.C.S. se passe dans une salle de classe, pour des élèves dont le réflexe naturel est de noter ce qu’on leur explique, pour en restituer une partie plus tard. La BeatBox vient débrancher ce réflexe, leur montrer qu’il se passe quelque chose, élargir leur perception. Ils vont en avoir besoin, en 45 minutes ils vont vivre avec Marien la façon dont il a créé le spectacle. Techniquement, psychologiquement, humainement…
Dans P.E.C.S. j’ai adoré retrouver ce que j’aime dans les spectacles de Marien Tillet. Son talent de conteur, la façon dont il joue de sa voix, de son regard, de quelques gestes pour rendre l’action, faire vivre l’émotion, créer un univers. Sa capacité à installer une ambiance surnaturelle à partir de quelques objets du quotidien. Son sens viscéral de la musique. Tout ça dans une salle de classe, sans lumière, sans recul, presque sans bouger ni beaucoup de matériel.
Il y avait Marien Tillet, il y avait les élèves, enfermés dans des bulles successives, l’urgence sanitaire, le lycée, la classe, le regard des autres. Ils sont éteints, comme sont éteints les gens dans la rue, dans les transports. Ils n’osent pas vraiment paraître intéressés, et pourtant ils suivent, quand Marien les attrapera avec les premiers alexandrins de l’Ogre, ils seront là, mot à mot, descendront les marches de la cave. Là où les adultes sont prêts à se laisser emporter, eux sont pris par surprise, ils ont plus de mal à sortir de leur réserve, du lieu, de leur rôle d’élève.
Si vous êtes d’une façon ou d’une autre impliqué dans l’enseignement, disons les classes de la troisième à la terminale, essayez de faire venir P.E.C.S. dans votre établissement. Il faut une raison sérieuse ? les élèves découvriront le parcours de la création d’un spectacle, le rôle des différents intervenants, et prendront une petite leçon de management/motivation qui leur servira un jour. Une vraie raison ? leur emmener dans la Twilight Zone, un lieu qui existe à tout moment du temps, de l’espace ou de l’esprit… toujours quand on s’y attend le moins. Soyez rassurés, quand la cloche sonnera, quelle qu’aura été leur décision de participer, ils ne se retrouveront pas piégés.
Un spectacle écrit et joué par Marien Tillet
Avec la participation des élèves de la classe
Avignon 2021 : 11 Gilgamesh – du 13/07 au 17/07 – 11h45
Production Cie Le Cri de l’Armoire
Co-réalisation Théâtre Dunois (Paris)
Aide à la résidence artistique et culturelle de la Ville de Paris
Aides à la diffusion des œuvres dans le domaine du spectacle vivant de la Région Île de France
Je n'ai qu'une vie - Des émotions à partager 
Une réflexion sur “P.E.C.S.”