Un spectacle très fin, plein d’humour, plein d’espoir. Un spectacle souvenir, souvenir d’une vie, hommage au village de Chambon sur Lignon.

Sur scène, deux fauteuils sur un carré de moquette, intemporels et géométriques, on pourrait être dans un film de Kubrik. Assis dans l’un, Daniel Milgram, comédien. Il se réveille, il rêvait de Brando. Dans l’autre, le souvenir de son père.
Daniel Milgram est un enfant juif, huit mois en 1940. Ses parents l’envoient au Chambon sur Lignon, village cévenol, il y est recueilli, y apprend à marcher, à parler. Plus tard il grandit, rêve de devenir Brando, est acteur. Ce soir, il parle à son père. A son père et à Dieu. Il leur parle à cœur ouvert. Il parle de la vie, de la vie du peuple juif, de sa vie, de lui. Et de Brando.
Le texte est fin, très fin. Très bien servi par Patrick Simon, comédien élastique au jeu mobile, presque dansé.
Il surfe sur l’émotion, ne tombe jamais dans l’apitoiement ni le pathos. On y trouve de l’humour, de la colère envers Dieu, la caricature de la mère juive. Il m’a sans doute manqué quelque chose pour comprendre deux ou trois moments, c’est très bien comme ça, j’en ai reçu sans filtre les émotions.
On y trouve aussi de la mémoire, beaucoup de mémoire. Mémoire individuelle, mémoire collective. Le souvenir, l’hommage, au village de Chambon sur Lignon. C’est une chose de connaitre l’histoire, de savoir que le pasteur André Trocmé, sa femme Magda, tout le village de gens simples ont accueilli quelques milliers d’hommes, de femmes, d’enfants. C’est autre chose d’entendre Daniel Milgram être là.
La salle a longuement applaudi.
Au Studio Hébertot jusqu’au 17 novembre 2019
Mercredi-jeudi : 19h00 / Vendredi samedi : 21h00 / Dimanche : 15h00
Texte : Gilles Tourman
Avec : Patrick Simon
Mise en scène : Patrick Simon, Maurice Zaoui