La véritable histoire du cheval de Troie

L’errance des Troyens après la victoire des Grecs, racontée par un Enée intemporel, venu rappeler que l’histoire est un éternel recommencement.

D’un côté de la scène, un homme attend, debout, costume, chapeau, valise en carton, un voyageur de commerce des années 60, ou l’image d’Epinal du romanichel. Devant lui, un grand tapi occupe la scène, il y a vingt petits bateaux de papier, une chaise, un parquet pour claquettes. Un accordéoniste. La scène représente la mer.

L’homme est Enée, il raconte la guerre de Troie qu’il a vécue. De son origine (Pâris, Hélène) au massacre final, une fois le rempart ouvert pour faire entrer le cheval, la nuit infernale qui va voir Enée sauver son père, son fils, voir sa femme mourir, prendre la tête d’un groupe de survivants, c’est l’exode, il leur faut trouver une destination. Ils errent, se posent parfois. Les vieux meurent, les jeunes trouvent parfois l’amour dans un port. Le groupe diminue, continue d’errer. Ce soir, un soir important peut-être, Enée chante, danse, raconte, crie. L’accordéon pleure, nostalgique. C’est la cohésion du groupe en exode de garder cette mémoire.

Guillaume Edé donne un Enée aussi volontaire que touchant. Le destin, ou les dieux, l’ont chargé d’emmener ce qui reste de Troie, il le fait, il conduit, il préserve l’histoire, l’espoir. Sans plaintes, sans lamentations, les faits bruts, voilà la façon dont nous, les vaincus, avons vécu cette nuit, et voilà ce qui nous est arrivé depuis. Il rit, il poétise, ça ne change pas la vie, ça aide à vivre.

Musique et costumes emmènent la pièce dans un espace temps proche du notre. Le texte vient de l’antiquité, cette histoire de peuple qui fuit une guerre, qui cherche en vain un endroit où se poser, où trouver le repos et la paix, qui ne demande que l’instant de remettre en état un bateau éprouvé par la mer, cette histoire résonne comme un écho de l’actualité. Ou comme le rappel que l’histoire est un éternel recommencement.

J’ai vécu un beau moment en assistant à cette représentation, de ces moments qu’on savoure dans l’instant, et qui vous font réfléchir dans les heures qui suivent.

Le lundi à 21h00 est un créneau difficile pour y aller en famille, ou en scolaire, qui seraient un bon public pour cette pièce, ses niveaux de lecture et son rythme la rendent accessible dès la fin du primaire. Baroudeur n’a pas eu l’énergie de m’accompagner, je sais qu’il aurait été pris, qu’on aurait épilogué ensuite.

Aux Déchargeurs jusqu’au 16 décembre 2019
Le lundi à 21h00

Texte : Virgile, Homère
Avec : Guillaume Edé
Musique : Claude Gomez
Mise en scène : Claude Brozzoni

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