Un policier désabusé, un jeune homme soupçonné de vouloir partir pour la Syrie, un commissariat délabré. La garde à vue peut commencer, les deux mondes peuvent s’affronter.
Les spectateurs sont assis des deux côtés d’une table métallique. D’un côté, un ordinateur, un fauteuil. De l’autre, des points d’ancrage, une paire de menottes, une chaise. L’un arrive, s’installe. Puis l’autre. Tout est en place pour une garde à vue.
Il y a le policier. Agé, désabusé. Ancien éducateur, qui veut encore y croire.
Il y a le jeune. Agité, convaincu. Sans travail, qui veut rejoindre un pays idéal.
Tour à tour, chacun met l’autre face à ses incohérences, chacun se dévoile, chacun découvre l’autre. Ils s’écoutent, jouent l’un avec l’autre, un instant chat, l’instant suivant souris. Ils se manipulent l’un l’autre. Chacun a reçu une mission sans issue, chacun en est fier.
J’ai beaucoup plus perçu le combat entre deux hommes pendant une garde à vue que les interrogations sur les raisons pour lesquelles un homme ayant grandi dans la société occidentale va se diriger vers le fondamentalisme, l’extrémisme, le terrorisme. Les questions sont là, sous-jacentes. Qui sont le prétexte à cette garde à vue.
J’ai apprécié que la mise en scène, quand l’action pourrait devenir spectaculaire ou violente, ne soit plus jouée, mais racontée. Du coup l’intimité du huis clos n’est pas brisée, l’ambiance reste sourde.
J’ai apprécié le jeu de Grégory Carnoli. Je me suis longtemps interrogé sur le jeu de Jean-Pierre Baudson, phrases pompeuses, saccadées, syllabes avalées. Et puis j’ai réalisé, ce n’est pas l’acteur qui a le problème, c’est le personnage, et l’acteur rend avec un grand talent un personnage qui joue un rôle qui, au fond, ne lui va pas.
J’ai apprécié l’utilisation du son, qui contribue à la création de la lourdeur de l’ambiance, qui soutiennent certains arguments, le coup a porté, le personnage est sonné.
A La Maison des Métallos jusqu’au 24 novembre 2018
Mardi/Mercredi/Vendredi : 20h00 – Jeudi/Samedi : 19h00
Texte : Dominique Ziegler
Avec : Jean-Pierre Baudson, Grégory Carnoli
Mise en scène : Jean-Michel Van den Eeyden
Création lumière : Julien Vernay
Création sonore : Vincent Cahay
Production : Théâtre de l’Ancre