Sodome, ma douce

Un coup de chapeau au collectif LOUVES pour ce premier spectacle, Sodome, ma douce, un spectacle complet, engagé, qui sera à Avignon cet été.

Sodome

A terre, un corps couché. Une voix s’élève, c’est celle de la dernière femme de Sodome. La scène s’éclaire. Au fond, cinq autres femmes. Et puis trois autres, venues du fond de la scène. Elles parlent toutes ensemble. Des mots venus plus vite que la bouche ne pourrait les articuler. Elles racontent, l’histoire déborde.

L’histoire de Sodome. Ville de la volupté. Certains la voient subversive, leur armée l’attaque, au nom de leur dieu. Neuf voix, une seule femme, qui raconte comment Sodome a été infiltrée, vaincue, effacée, blanchie. Comment elle a survécu. Comment elle vient venger Sodome.

J’ai beaucoup aimé le texte de Laurent Gaudé. Texte engagé, qui parle de la femme, des femmes. Qui parle d’une ville de plaisirs, libre et tolérante, que d’autres vont attaquer, détruire, raser, au nom de leurs principes, de leur dieu, de leur religion. Qui montre où conduisent le fanatisme et l’aveuglement.

Pour la mise en scène, Laure Marion a utilisé une large et belle palette. Certains tableaux sont parlés, d’autres dansés. Une belle chorégraphie. J’ai senti un parti pris proche du rituel, du tribal. Je me suis laissé bercer, envahir, embarquer, emporté. C’était toujours tripal, parfois très sensuel. Sauvage. Sans chichis. Un discours brut, incarné, à entendre sans œillères. A voir, à ressentir pleinement.

Les LOUVES prennent l’espace scénique, elles l’occupent de leurs seuls corps, de leurs costumes, aucun accessoires. En écrivant ces mots me reviennent les mots, les images. La confusion des femmes qui courent dans la ville. La sensualité que créent 9 bras qui s’alignent et dansent ensemble, est-ce une vague de plaisir qui emplit les corps et la ville. La liberté d’un tableau où les cheveux les plus libres sont ceux qui semblent les plus sages.

Oui, vraiment, un beau spectacle. Il m’en reste, les yeux ouverts, le texte, sa force directe. Il m’en reste, les yeux fermés, les scènes dansées, sensuelles, animales. Il m’en reste un sentiment d’espoir et de liberté.

Sodome, ma douce est le premier spectacle monté par le collectif LOUVES, une équipe 16 jeunes femmes, toutes artistes. Le texte de Laurent Gaudé s’est imposé à elles comme une évidence après les attentats de novembre 2015. J’ai été surpris d’apprendre qu’il ne s’agissait que de la seconde représentation du spectacle, la première date d’il y a un an,  ce qui explique pourquoi certaines voix gagneraient à ouvrir leur palette d’expressions. Primus inter pares, Candice Méchaly. Elle ouvre le spectacle, le ferme. Confirme la bonne opinion que j’avais eu de son jeu.

Un vrai bravo.

Texte : Laurent Gaudé
Mise en scène : Laure Marion
Avec : Anaïs Benkelaï, Sophie Braem Vasco, Lola Gutierrez, Laure Marion, Candice Mechaly, Margot Molvinger, Lisa Mondon, Juliette Petiot, Florie Toffin
Costumes : Léa Michenet, Lucigaël Vaïti, Marion Van Essche, Louise Virecoulon
Scénographie : Anne Marchais, Sarah Smets-Bouloc, Clémentine Stab
Compagnie : Collectif LOUVES

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