Raphaël Personnaz, impressionnant, à tous les sens du terme, dans Vous n’aurez pas ma haine.
Parfois les mots se suffisent à eux même. Les mots d’Antoine Leiris, les heures du 13 novembre 2015 à 22h37 au lendemain de l’enterrement d’Hélène, sa femme.
Je pourrais vous parler de ces mots, de leur justesse. De la façon magistrale dont Raphaël Personnaz les sert, domptant l’émotion sans jamais tomber dans le pathos. De la mise en scène si pure de Benjamin Guillard. Du piano qui s’élève.
Il me reste de cette représentation le silence. La qualité du silence des spectateurs. J’avais lu le livre, il m’avait marqué pour des raisons que j’apprivoise encore, j’en connaissais certains passages par cœur, je n’allais pas guetter les modifications du texte. J’ai écouté.
J’ai écouté le public cesser de respirer sur certains passages, attendre la prochaine obscurité pour reprendre une bouffée d’oxygène. J’ai écouté les gorges déglutir. J’ai vu les yeux se mouiller, parfois une larme couler. J’ai entendu le public immobile. J’ai entendu le silence, un silence tangible, froid, objectif. Respectueux. Un silence dans lequel Raphaël Personnaz sculptait les mots d’Antoine Leiris. Dans lequel, soir après soir, deux semaines de Melville et son père se rappellent.
Quand les dernières notes ont cessé de résonner, le public a applaudi. Longuement. Chaleureusement. Parfois ça fait du bien d’applaudir.
Au théâtre de l’Œuvre jusqu’au 14 avril 2018 – du mercredi au samedi 19h00 – dimanche 17h30
Texte : Antoine Leiris
Mise en scène : Benjamin Guillard
Avec : Raphaël Personnaz