Irma rit Rose, c’est d’abord un spectacle truculent, qui enchaine les caricatures et les bons mots sur un rythme échevelé, on suit la vie de Stéphanie, célibataire, celle de son amie Noémie, surtout… voilà Melchior et Balthazar, les enfants, Paul, le mari, Simone, la tante, tout un petit monde qui va converger pour un réveillon fédérateur, avec le pote slameur, la fiancée décérébrée…
Irma Rose donne beaucoup plus que ça, en fait. Avec un trait simple et fin, sans jamais tomber dans l’exagération, sans jamais tomber dans le travers de se moquer pour se moquer, elle analyse le monde dans lequel nous vivons tous les jours. Voilà la novlangue de nos politiciens, qui font dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient. Voilà comment les femmes vivent une mammographie forcément faite par UN radiologue. Voilà la répartition inéquitable des rôles entre les hommes et les femmes. Voilà la diversité dans la société, et comment vivre dans un multi pot qui n’est pas vraiment un melting pot. Voilà deux ados maugréant.
Bien sûr, ces sujets ont déjà été traités. Bien sûr Irma Rose reprend des bons mots déjà entendus, mais que ferait Noémie si elle se disputait avec Paul le soir du réveillon, l’inspiration, c’est aussi la culture.
L’originalité de son spectacle, mis en scène par Jean-Claude Cotillard, son caractère attachant, vient de la façon dont elle donne vie à chacun des personnages (15 personnages, et un chien), elle est Noémie, la mère, elle tourne la tête, elle est Balthazar, le timide, Melchior, le roublard. Une mimique, une position, une voix, on sait qui s’exprime.
C’est un spectacle énergique, qui fait du bien au cœur, on rit, on ne se moque pas (sauf d’Hildegarde, mais on connaît tous l’effet Hildegarde). C’est un spectacle insolent, qui dit les choses comme elles sont, avec une humilité insolente, son coup de projecteur met en évidence, on rit, et on hoche la tête, parce que… ben oui, c’est comme ça. Ou ça serait bien si c’était comme ça. Parce que le slameur africain n’est au fond pas si différent de la tante Ch’ti, avec un phrasé différent, ils osent dire les choses, mettre les pieds dans les plats.
C’est un spectacle familial, fédérateur, j’aurais adoré y emmener Baroudeur, mais le jeudi à 20h30, quand on n’a pas 8 ans, c’est quand même un peu tard.
A La Folie Théâtre, jusqu’au 1er juin 2017, le jeudi à 20h30.
Et je vous relaie le Festival d’Humour du Théâtre par le Bas, Irma Rose en a parlé à la fin du spectacle, on sentait que ça lui tenait à cœur.