19.5 : l’anthologie du dix-neuvième siècle de Christophe Delessart

Avec 19.5, Christophe Delessart partage avec le public l’anthologie de son dix-neuvième siècle gouailleur et enjoué. Bellement mis en scène par Johanna Boyer-Dilolo, il sert avec respect et humilité ses plus belles pages de la littérature.

Sur la scène, un cadre de bois auquel est attaché une toile. Une caisse en bois. Une lampe tempête. Une cloche compte huit coups. Le dix-neuvième siècle finissant entre en scène. Je suis un vieillard. Respectable, certes, mais un vieillard. Dans quatre heures j’aurais cent ans.

Nous sommes le 31 décembre 1900, le siècle vit ses dernières heures. Il voit les lumières qui s’allument. Il se repasse en mémoire les belles pages qu’il a vu s’écrire. Il vient les partager, avant de s’éteindre. Les thèmes ? L’amour, la mort, la nature, les révoltes, les combattantes. Pas dans cet ordre. Baudelaire ouvre le bal avec deux strophes de Le Voyage, Rostand le fermera avec la scène du balcon de Cyrano.

Quand j’avais 13-14 ans, j’avais acheté l’Anthologie de la Poésie Française de Georges Pompidou. Un épais livre de poche. Par curiosité. Sans trop comprendre l’intérêt. A l’époque, la poésie, c’était un truc d’école, au mieux on lisait, au pire on apprenait à réciter. Et puis c’était bizarre. Pompidou venait de mourir, Président de la République, anciennement Premier Ministre, il avait le temps de compiler des textes pour en faire un recueil ? Des textes qui n’étaient même pas les siens ? Non, vraiment, c’était bizarre. J’ai longtemps gardé le livre, je le feuilletais de temps en temps. Je pouvais comprendre pourquoi Sylvain Floirat l’avait édité, mais pas plus. Un jour de 2005, le livre a disparu. Je n’avais pas perçu l’invitation, l’invitation à aller voir par soi même, l’invitation à faire sien. Le fil conducteur d’une anthologie, c’est celui qui l’a faite.

19.5, c’est l’Anthologie du XIXe siècle de Christophe Delessart. Les textes qu’il a aimé, choisis, qu’il a envie de partager avec un public qui forcément partage ses goûts, il n’y a pas de hasard. S’il est scolaire, il est là par obligation, et là, c’est le talent de l’acteur qui va jouer, qui va capter l’attention, qui va laisser les encéphales créer les images.

Christophe Delessart est un siècle gouailleur et enjoué, quand il sert les textes de Baudelaire, Vigny, Flaubert, Sand, Hugo, Michel, Rimbaud, Zola, Deroin, Musset, Thoreau, Nizet, Rostand, c’est le respect et l’humilité qui prennent le relais.

Avec 19.5, Johanna Boyer-Dilolo signe sa première mise en scène, ainsi que la lumière. Un beau travail, sans compromis, qui met chaque texte en situation et focalise l’attention du spectateur.

Amateur du XIXe siècle, vous sortirez avec une conviction renforcée. Ou vous aurez réalisé à quel point il était vivant et actuel.

A l’Essaion Théâtre jusqu’au 07/01/25
Mardi : 19h00
Durée : 1h20
En tournée – dates sur le site de la compagnie

De et par : Christophe Delessart
Mise en scène : Johanna Boyer-Dilolo
Compagnie : Le Quatrième Mur

Visuel : Marine Destombes

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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