
Écho aux Plateaux Sauvages : Vanasay Khamphommala, soutenue par Caritia Abell, Natalie Dessay et Pierre-François Doireau, crée des tableaux de toute beauté qui désamorcent le chagrin d’amour.
Sur la scène, un plateau en acier chirurgical attire l’œil, avec sa grande bassine, ses boites à instruments, ses serviettes. Vanasay Khamphommala entre sur scène, nue. Elle porte un ampli qui dissimule ses parties intimes. Le pose, sa main prend le relais. Elle ne parle pas, ses mots, tapés en direct sur un clavier qu’on entend cliqueter, dont on voit les fautes de frappe se corriger, s’affichent sur le mur du fond de la scène. Bonsoir… Pensez à éteindre vos téléphones portables, c’est désagréable quand on meurt.
La voilà en vidéo, qui parle de son premier amour, un garçon, l’histoire a pris fin, toutes les histoires qui ont suivi lui ont fait penser à lui.
Le reste ne se raconte pas, il se vit. Si vous êtes sensible, si vous vous choquez facilement, si vous aimez le théâtre linéaire, vous pouvez cesser la lecture de cette chronique, Écho ne vous plaira pas.
J’ai petit à petit sombré dans la beauté d’Echo, et admiré la performance de Vanasay Khamphommala. Il y a les moments où on déglutit difficilement, ceux où on serre les dents, ceux où on est perdu devant ces lettres qui s’emmêlent. Il y a les moments où on sourit, ceux où on rit, ceux où on fredonne. Il y a les moments rares, surprenants, dont on se souviendra.
Tout cela dessine l’histoire d’Écho, nymphe des montagnes bavarde, privée de la possibilité de parler la première, condamnée à répéter ce que les autres disent. Écho amoureuse de Narcisse, qui se consumera sur sa tombe. L’histoire éternelle d’une fille amoureuse d’un garçon, elle ne sait pas s’il l’aime, elle veut mourir. L’histoire de la vie qui continue. L’histoire de la vie qui reprend. Quand son cœur est vide, quand l’amour est mort, Vanasay Khamphommala ne l’est pas. Une histoire de souffrance qui nous fascine depuis la nuit des temps.
Soutenue par Caritia Abell, Natalie Dessay et Pierre-François Doireau, Vanasay Khamphommala crée des tableaux de toute beauté. Sombre, durs, beaux. Ils désamorcent le chagrin d’amour, le déconstruisent, renvoient les larmes au rire, construisent un hymne à la vie, dans un univers dont les lignes de force ne sont plus celles qu’avaient posées l’évolution naturelle, il y a des milliers d’années, quand elle a sélectionné l’amour (et le plaisir) comme solution permettant au petit humain une gestation de 3-4 ans.
Un beau spectacle, que sauront savourer les âmes d’après.
Aux Plateaux Sauvages jusqu’au 24 septembre 2022
Du lundi au vendredi : 19h00 – samedi : 16h30
A réserver aux plus de 16 ans
En tournée :
Du 4 au 7 octobre 2022 : Théâtre Olympia – CDN de Tours
Du 18 au 22 octobre 2022 : TnBA – Bordeaux
Du 6 au 7 décembre 2022 : la Halle aux Grains – Scène nationale de Blois
Du 13 au 14 décembre 2022 : MCA – Scène nationale d’Amiens
Dramaturgie et textes : Vanasay Khamphommala
Avec : Caritia Abell, Natalie Dessay, Pierre-François Doireau, Vanasay Khamphommala et la participation de Théophile Dubus
Visuel : Pauline Le Goff