Maryvonne Beaune utilise son humour acéré et convaincu pour tirer tous azimuts. Si vous aimez hésiter avant de vous laisser prendre à rire…
Merci d’éteindre vos téléphones, le spectacle va commencer. C’est fait ? Ah zut, un téléphone sonne, c’est celui de l’artiste, et c’est Dieu qui la rappelle. La Terre est en danger, que peut-il faire ?
Maryvonne Beaune donne sa vision du monde dans lequel elle vit, et elle envoie du lourd, du convaincu, du gros qui touche. Elle parle du monde de l’entreprise, de la pornographie, des végétariens, de la pédophilie, du climat, de ses enfants, de la nostalgie, de l’âge qui avance, des vêtements qu’on achète bien qu’on soit contre le travail des enfants. Elle en parle avec des sketchs drôles, drôles jusqu’au moment où elle nous a emmenés à un point qui est vrai, dont le fond n’est plus drôle du tout, elle laisse s’installer un silence gêné, elle conclue d’une phrase bien sentie dont la logique emporte le rire de la salle. Le diagnostic est logique, le fond est glaçant, la forme permet de se détendre en en riant.
En se polissant, le spectacle a gagné en efficacité, ce qui partait dans tous les sens s’est transformé en attaque tous azimuts. Le trait est acéré, le propos porte, la conviction l’emporte.
Chacun des sketchs m’a touché, j’ai savouré la logique glaçante de chacune des chutes. Comme j’ai savouré la dose de chorégraphie, elle arrive à mélanger conviction et sensualité, soyez attentifs aux détails de la danse de l’abattoir.
Un petit bémol, les intervalles entre les sketchs, qui manquent parfois un peu de rythme… mais après tout l’attente sublime le désir.
Si vous aimez l’humour acéré, si vous savez que le rire est un moyen de parler de choses pas drôles du tout, si vous avez la nostalgie de Pierre Desproges ou de David Berry, allez voir Maryvonne Beaune. Sinon il vous reste l’aseptisme.
Au Point Virgule jusqu’au 24 juillet 2019
Mercredi : 20h00
De et par : Maryvonne Beaune