Il faut bien un premier spectacle pour initier ce blog. Je pourrais encore remonter le temps, de quelques mois (Vénus à la Fourrure, Trois Hommes dans un Bateau…) ou années, seules certaines pièces passent le filtre de la mémoire sur des années, là, tout de suite, me revient La Nuit des Rois, par La Troupe du Phénix, au Théâtre 13.
Mais non, ça sera Le Jouet Abandonné.
On était… 5 dans la salle, en sous sol, près de la Gare du Nord. Un dimanche soir, en plein mois d’août.
On est 75 minutes avant la fin du monde, une heure et quart, la durée de la pièce. Un homme et une femme, les deux derniers survivants d’une terre en perdition, un seul sera sauvé, à eux de déterminer lequel. Une confrontation, un huis-clos avant l’heure.
Je me souviens que chacun va d’abord lutter pour sa survie, puis qu’en se découvrant mutuellement, chacun va lutter pour la survie de l’autre, au prix, donc, de sa propre fin. Je ne me souviens pas de la fin.
Je me souviens des acteurs, qui ont tout donné, ça se sentait, comme si la salle était pleine. Dans la même salle, la veille, j’avais vu Couple Mode d’Emploi, des acteurs désabusés en roue libre devant une salle de 15 personnes.
Je me souviens des applaudissements, nourris, du merci des acteurs, du merci des spectateurs qui les a surpris.
Parfois on se sent balloté par le destin, parfois on se sent le jouet abandonné du destin. Et puis on reprend son destin en main, et le ciel se dégage.