
Zola l’infréquentable au théâtre Baretta : on entre dans la salle pour recevoir une piqure de l’histoire du XIXe siècle, on en sort en se souvenant que l’histoire est un éternel recommencement.
Sur la scène, une bibliothèque, trois fauteuils, un bureau. Trois coups de cloche, le glas. Le ciel bas pissait sa tristesse sur le cimetière du Père Lachaise…
C’est l’enterrement de Daudet. Alphonse Daudet. La mémoire collective s’est arrangée de l’affaire Dreyfus, la honte rachetée par Emile Zola, l’auteur immaculé de J’accuse. Didier Caron repose les faits, sous la forme d’un dialogue à plusieurs étapes entre Emile Zola et Léon Daudet. La colère montante de Zola, profonde. Sa mise au ban par l’establishment. Son procès. Sa vie sentimentale.
Bien servi par Pierre Azema, pondéré, et Bruno Paviot, pétillant, la pièce pourrait n’intéresser que ceux que l’histoire plus si récente passionne, si l’histoire n’était pas un éternel recommencement. Des tensions sociales, un bouc émissaire racisé « évident », un journaliste frustré de ne pas être reconnu pour le grand écrivain qu’il voudrait être… ça ne vous rappelle rien ?
Je suis entré dans la salle par intérêt pour les dessous de l’affaire Dreyfus, plus que pour la petite histoire littéraire de la fin du XIXe siècle. Elle m’a rappelé que les héros peuvent ne pas être irréprochables… et que, quand le doigt des éditorialistes frustrés se tend pour désigner le responsable expiatoire de tous les maux, leur pouvoir est immense.
Festival Avignon Off 2023 – Théâtre Baretta à 12h15
Durée : 1h35
Texte : Didier Caron
Avec : Pierre Azéma, Didier Caron
Mise en scène : Didier Caron
Compagnie : Des histoires de théâtre
Visuel : DR
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com
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