Un homme qui dort – Essaïon Théâtre

Un homme qui dort à l’Essaïon : un étudiant enfermé et protégé par son état dépressif. Richard Arselin et Véronique Boutonnet, mis en scène par Stéphane Daurat, bousculent le spectateur au rythme de la langue minutieuse de Georges Perec

Sur la scène, des meubles empilés. Un lit cage plié, une table, une chaise en formica… L’étudiant dépile, installe. Un réveil. On entend un tic tac, bientôt un chœur désynchronisé de tics et de tacs. Une sonnerie, violente. Dans l’ombre, la narratrice. Ton réveil sonne. Tu ne bouges pas.

Un homme qui dort est un livre de Georges Perec publié en 1967. Le quotidien d’un jeune homme isolé, enfermé, qui ne fait rien. Dans Paris qui vit, son univers est fermé, gris, sauf une bassine de plastique rose. Dans la langue minutieuse de Perec, la narratrice décrit ce qui se passe dans la tête de l’étudiant. Les énumérations, répétitions, variations renforcent l’impression de noirceur, de désespoir. On le ressent apathique, dépressif. Quand il sort dans la ville, ce n’est que pour revenir.

Le lecteur, devenu spectateur, est plongé dans ces pensées. Il ressent l’abaissement, peut-être l’humiliation, que ressent l’étudiant. Il ressent le cocon que crée l’apathie, en se fermant au monde, elle l’isole, elle le protège. Jusque la brume envahisse la ville.

Beau projet que celui de Richard Arselin et Véronique Boutonnet de présenter sur scène le texte de Perec. Un jeune homme silencieux, un jeu lent, un enfermement. Une narratrice aux mots hypnotiques qui usent d’une double palette d’émotions. Maternelle, je te protège. Agressive, prends conscience de ton abaissement. Celle qui crée, celui qui ressent, qui ne dira pas un mot. Deux comédiens aux physiques contrastés, au jeu précis, mis en scène par Stéphane Daurat qui crée pour eux un univers clair obscur qui bat à leur rythme, où on entendra les nappes du Dark Side of the Moon de Pink Floyd, le Death is not the end de Bob Dylan.

J’ai reçu cet Homme qui dort comme un plongée dans l’univers mental d’une personne enfermée dans un état dépressif. J’ai perçu cette fascination qui rend impossible d’agir, de résister à un abaissement qui rend la vie si misérable tout autant qu’il crée une gangue qui protège de l’extérieur. Un culbuto posé à l’envers sur son point d’équilibre instable, un déséquilibre inconfortable maintenu à tout prix, dont la sortie ne pourrait être que violente. Je suis sorti bousculé, bouleversé.

Le propos de Perec est difficile, Richard Arselin et Véronique Boutonnet le portent avec talent, pour le plaisir du spectateur amateur de beaux textes qui l’emportent dans ses réflexions bien après qu’il a franchi la porte du théâtre.

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Un homme qui dort : un conseil théâtre en 60 secondes A l’Essaïon Théâtre jusqu’au 29/02/24 Jeudi : 19h00 Durée : 1h10 Texte : Georges Perec Avec : Richard Arseli, Véronique Boutonnet Mise en scène : Stéphane Daurat Visuel : ZOZO / Mathilde Plisson La chronique complète https://jenaiquunevie.com/2023/12/01/un-homme-qui-dort-essaion-theatre/ Le site du théâtre https://www.essaion-theatre.com/spectacle/1034_un-homme-qui-dort.html © Guillaume d’Azémar de Fabrègues – http://www.jenaiquunevie.com Habillage musical : Morning Cookies Music #theatre #critique #paris #sortirdessentiersbattus #quevoirautheatreaparis #critiquetheatre #conseiltheatre #unconseiltheatreen60secondes

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A l’Essaïon Théâtre jusqu’au 29/02/24
Jeudi : 19h00
Durée : 1h10

Texte : Georges Perec
Imaginé et joué par : Richard Arselin, Véronique Boutonnet
Mise en scène : Stéphane Daurat

Visuel : ZOZO / Mathilde Plisson

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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