
La Maladie de la Famille M au Béliers Avignon : Théo Askolovitch signe une excellente adaptation de la pièce de Fausto Paravidino. C’est rythmé, ça râpe, ça décape. Ca va à l’os du texte. A voir absolument.
Le rideau est encore fermé. Du fond de la salle, un homme arrive. Bonsoir, je suis celui qu’on appelle aujourd’hui un médecin généraliste… C’est le docteur Cristofolini. Sur la scène, on verra le lampadaire d’un espace urbain, le fauteuil défoncé et la longue table de la pièce à vivre de la famille M, la chaise du cabinet du docteur.
Dans la famille M, il y a le père, Luigi, qui perd la mémoire. Gianni, le fils, qui manque de repères. Marta et Maria, les filles. L’une tient la maison à bout de bras, la mère est morte. L’autre enchaîne les garçons, dans le dos de Fulvio, son amoureux, et avec l’aide du docteur Cristofolini quand il faut faire passer les bébés.
J’aime beaucoup cette pièce, et sa fin sans espoir. Je l’ai vue plusieurs fois, elle est difficile à monter, tout est une question de rythme, d’équilibre à trouver quelque part entre Claude Sautet, Ken Loach et Georges Feydeau. Je l’ai vue plusieurs fois, et suis souvent sorti déçu. Hier soir, je suis sorti convaincu. Plus que convaincu.
Le parti pris par Théo Askolovitch fonctionne, et il fonctionne très bien. C’est décapant, râpeux, ça va à l’os du texte. Il s’appuie sur une distribution talentueuse. Son complice Tigran Mekhitarian, bien sûr, merveilleux Gianni. Et tous les autres, Pascal Elso, Marilou Aussilloux, Théo Askolovitch, Délia Espinat Dief, Thomas Rio, Simon Roth. Ils sont tous bons, tous affutés comme un couteau japonais, paf paf paf, les mots partent, touchent. Ils utilisent leur palette à excellent escient, la mettent au service de l’histoire de la famille M, sans tomber dans la provocation ni dans la revendication. La troupe fonctionne, sans qu’aucun ne tire la couverture à lui. Et le petit provoc’ de leurs précédentes productions, qui les rendaient clivantes ? il s’est subtilisé, poli.
Il n’y a toujours pas trop d’espoir dans la pièce. Allez la voir, Théo Askolovitch en donne une très bonne vision. Visible par tous.
Festival Avignon Off 2023 – Théâtre des Béliers : 22h30
Texte : Fausto Paravidino
Avec : Pascal Elso, Marilou Aussilloux, Théo Askolovitch, Tigran Mekhitarian, Délia Espinat Dief, Thomas Rio, Simon Roth
Mise en scène : Théo Askolovitch
Compagnie : Saiyan
Visuel :
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com
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