Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

Sur la scène, une structure en tissu rouge, du haut en bas, à l’avant de la scène. On aperçoit une paire de bottes blanches, deux cubes empilés. Voilà Elsa Agnès, bottines blanches, collant et robe rouge, le visage couvert de maquillage rouge. Enfant, je n’ai presque pas de cheveux. Dans la rue, on demande s’il faut dire il ou elle en parlant de moi.

Le Caméléon raconte trois histoires successives, trois road movies. Trois femmes qui déboulent dans le monde. Une seule, peut-être. Elles sont indomptées, indomptables. Elles vivent leurs pulsions, indétectables. Inventent des mensonges. Dans leur univers, réel ou fantasmé, leur corps peut se laisser apprivoiser, leur esprit ne se laisse jamais domestiquer.

Le texte d’Elsa Agnès est une succession d’instants corrosifs et noirs, qui coule sans interruption. On est dans un univers à la Fluide Glacial, quelques strips à chaque livraisons, rassemblés dans des albums qui finissent par raconter un personnage complexe dans son univers glaçant. Elle n’y est pas la proie, elle est le prédateur. On sourit noir en serrant les dents.

Mise en scène par Anne-Lise Heimburger, Elsa Agnès dit son texte à l’image de son personnage. Son corps navigue, ondule, ses yeux restent plantés dans ceux du spectateur. Elle s’appuie sur une scénographie de Silvia Costa, de belles lumières de Guillaume Allory, une création sonore efficace d’Adrian’ Bourget, des musiques d’Eve Risser. Son flow peut couler, maîtrisé.

C’est un spectacle dont l’esthétique est aussi importante que le texte. Toujours cet univers à la Fluide Glacial, l’histoire et le graphisme, il faut s’intéresser à l’une, se laisser convaincre par l’autre. Un fond noir dessiné à la ligne claire. Les Idées Noires de Franquin dessinées par Hergé.

Au théâtre du Rond Point jusqu’au 23/04/23
Du mardi au samedi : 20h30; dimanche : 15h30
Durée : 1h10

Texte : Elsa Agnès
Avec : Elsa Agnès
Mise en scène : Anne-Lise Heimburger

Visuel : Stéphane Trappier