Ne Quittez Pas (s’il vous plaît) – Théâtre de Belleville – trois scénettes amusantes, finement jouées

Ne quittez pas au Théâtre de Belleville : trois dialogues impossibles entre êtres humains au cas particulier et opérateurs pilotés par un processus. Un spectacle amusant, aux intermèdes un peu long, à prendre au premier degré, joliment interprété par Gaëlle Héraut et Philippe Lardaud

Sur la scène vide, trois lignes blanches tracent un espace, modifient la perspective. Noir. Dans l’obscurité, quatre personnes installent la scène. Un tapis quadrillé, un petit bureau, une chaise. Des coussins. Des voix off définissent un univers social. Allô ? Ne quittez pas, s’il vous plaît…

Ne quittez pas se compose de trois scénettes, dont le thème commun est la difficulté à se comprendre, à simplement s’écouter.

Il y a d’abord Corinne, qui peut avoir droit à une Assistance en complément d’un salaire qu’on devine minime, qui se bat avec un conseiller téléphonique distrait, qui se laisse parfois, jamais longtemps, aller à l’empathie. Jusqu’à un savoureux twist final. Il y a Rico, l’agriculteur qui appelle une émission du cœur radiophonique pour parler des élections de son petit village. Il y a Monsieur Calambri, qu’une téléopératrice appelle pour lui proposer un abonnement à une salle de sport.

Trois scénettes amusantes, à prendre au premier degré, d’un point de vue un peu bobo. Sur la toile de fond d’une actualité sociale ancrée dans l’actualité sociale ou média, suffisamment présente pour être considérée d’une façon caustique, pas corrosive, une actualité dont on sait qu’elle existe, considérée avec une empathie positive mais pas vraiment concernée.

Leur point commun ? un être humain dialogue avec un téléacteur, ou une animatrice. D’un côté, un cas particulier, avec son problème personnel. De l’autre, une personne qui applique un processus destiné au cas général. A chaque fois, une sorte de test de Turing inversé, on sait qu’on parle à une vraie personne, on a l’impression de parler à un ordinateur.

Sur scène, Gaëlle Héraut et Philippe Lardaud forment une belle distribution, au jeu fin, maîtrisé. J’ai particulièrement savouré la palette du jeu de Gaëlle Héraut, convaincante à chaque instant, intérieure quand il faut l’être.

Trois scénettes amusantes, mais un peu courtes. Chacune est précédée d’une phase d’installation chorégraphiée, meublée par des voix off, toutes m’ont paru interminables. C’est le principal défaut du spectacle, le texte est un peu court, il faut l’allonger pour ne pas renvoyer trop vite le spectateur. De la même façon, la lumière très travaillée finit par se perdre dans les clairs obscurs.

Un spectacle amusant et joliment interprété, à prendre au premier degré.

Au théâtre de Belleville jusqu’au 25/04/23
Lundi : 21h15; mardi : 19h00; dimanche : 20h00
Durée : 1h20

Texte : Maud Galet Lalande
Avec : Gaëlle Héraut, Philippe Lardaud
Mise en scène : Maud Galet Lalande

Visuel : Nicolas Helle