Coloris Vitalis au Théâtre de Belleville : un coup de cœur pour ce beau spectacle, plein de poésie, de réflexion, à voir, à savoir revoir

Coloris Vitalis au Théâtre de Belleville : un texte de Catherine Lefeuvre, servi par Gramblanc, le clown de Jean Lambert-wild. Une invitation à lutter contre la grisaille monochrome qui recouvre le monde, un bijou de poésie à voir, à revoir, à savourer. Laissez-vous embarquer.

Sur la scène, un grand cercle blanc, au centre un piédestal noir…. Des coulisses, J’veux pas, j’veux pas y aller... Voilà le clown, Gramblanc dans son long pyjama, il porte un écu et une grande épée rouges. Quelle heure est-il ? On a du temps, du temps pour en finir… je suis malade…

Gramblanc est malade, malade des couleurs, Coloris Bubonis. Il se livre à nous, avec nous, pour ses derniers instants. Il parle de ses passions, de ses obsessions, de ses angoisses ? Oui, mais il parle, il parle bien, il parle poétiquement.

Je me suis laissé prendre un peu par surprise par Coloris Vitalis. Et puis je me suis laissé embarquer. J’ai savouré ce spectacle, qui est un petit bijou de poésie et de réflexion.

Gramblanc est un clown blanc, il n’a pas de nez rouge. C’est l’Auguste qui a un nez rouge, celui qu’on adore, qui se moque de tout, dont la dérision nous fait oublier la réalité. Le clown blanc, lui, c’est la raison, la raison dans la déraison. Dans notre monde qui se couvre d’un gris uniforme, Gramblanc pousse un dernier cri. Bien sûr nous mourrons tous d’avoir vécu, mais que va-t-il rester de nos couleurs passées ? Qui va se battre contre la monochromie, pour un monde poétique ?

Le texte de Catherine Lefeuvre joue de ces nuances, donne à Gramblanc un espace d’expression où il peut jouer avec les mots, avec des complices plus ou moins volontaires pris dans le public. Un texte en contrepoint du temps présent qui change tout en gris.

Jean Lambert-wild se saisit du texte, des aléas de la représentation, et le soutien avec une énergie qui touche au cœur. Il faut du courage ? il en a, pour lui et pour nous. Il en faut, voyez-vous, regardez le monde qui vous entoure, il n’y a plus que des Auguste, dans ce monde, des Augustes mènent les politiques, des Augustes commentateurs dont l’axe principal est de ce moquer du détail, dans une alliance objective pour nous faire oublier la réalité… dans ce monde où l’un s’érige en juge des intentions au quotidien, où l’autre attend, patelin, que l’homme politique vienne se faire moquer devant son poste. Tout est bon pour couvrir le monde de fausses couleurs qui ne sont que des variations de la grisaille, des nuances de gris.

Et puis il y a Aimée Lambert-wild, le lutin du spectacle, au regard plein d’amour complice, de fière admiration.

J’ai savouré ce spectacle, et pourrais retourner le savourer, encore, pour son texte, une alerte poétique, pour soutenir le combat de Gramblanc, pour son lutin.

Oui, c’est la rentrée, oui, l’offre est abondante, de qualité. Sachez sortir des chemins rebattus, passer à côté des pièces mainstream dont il est de bon ton de parler, ce bon ton, justement, est la monochromie contre laquelle Gramblanc vous alerte.

Prenez le relais, soutenez Gramblanc. Prenez position contre la grisaille. Poursuivez la lutte. Allez voir Coloris Vitalis.

Au Théâtre de Belleville jusqu’au 31 janvier 2023
Lundi, mardi : 19h30; samedi : 17h00; dimanche : 17h30

Texte : Catherine Lefeuvre
Avec : Jean Lambert-wild, Aimée Lambert-wild
Mise en scène : Catherine Lefeuvre, Jean Lambert-wild

Visuel : Tristan Jeanne-Valès

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