
C’est un Métier d’Homme au Rond Point : sur une idée d’Hervé Le Tellier, l’Oulipo a écrit douze variations sur la trame d’une nouvelle de Paul Fournel, le doute massacre le cerveau d’un … sûr de lui. David Migeot et Denis Fouquereau les ont transformées en un spectacle savoureux, addictif comme une boite d’After Eight.
Sur la scène, une table, équipée pour une conférence. Tableau blanc, micro, ordinateur, projecteur. Denis Fouquereau entre, s’assied, s’impatiente, retourne voir en coulisse. Voilà David Migeot, équipé pour une descente à ski. Mon métier consiste à descendre du haut de la montagne jusqu’en bas. A descendre le plus vite possible. C’est un métier d’homme.
Un homme sûr de lui, qui joue de la peur, de l’équilibre. Un champion, qui ne commet aucune faute d’inattention. Jusqu’à ce qu’un petit détail auquel il est justement trop attentif emplisse sa perception, c’est la faute, le doute qui détruit sa course et met fin à sa carrière.
Après le descendeur, en suivant la même trame, voilà le psychanalyste, le séducteur, le buveur, le tyran, le féministe, et d’autres encore. Tous différents, tous pareils, qui tiennent des propos similaires… et se ridiculisent pour le plus grand bonheur du spectateur. Parfois politiquement très incorrect, ça fait du bien.
Des propos, c’est important, écrits par l’Oulipo, sur la base d’une nouvelle d’une nouvelle de Paul Fournel (les Athlètes dans leur Tête). Sur une idée d’Hervé Le Tellier, les membres ont écrit des variations du texte en en gardant la structure narrative, Frédéric Bélier-Garcia a eu l’idée de mettre en scène ces variations, et voilà le spectacle sur scène au Rond Point.
Parce qu’une douzaine de textes suivant la même trame, même de grande qualité… on peut avoir peur de se lasser.
C’est là que la mise en scène et l’interprétation prennent leur importance. Sans aucun temps mort, douze scénettes vont s’enchaîner, toutes différentes, qui chacune offre un nouveau point de vue, surprend le spectateur par le jeu, par le costume, et finalement par le détail du texte de la variation.
A l’arrivée, le spectacle se savoure comme une boite de bonbons anglais, des After Eight par exemple. On en prend un pour goûter, on est étonné, puis séduit. Et surpris par la fin de la boite, qui arrive trop vite dans un bouquet final odysséiesque.
Si vous avez été sensible à la poésie qui émane de cette variation sous contrainte, si l’Oulipo vous intrigue… tous les seconds mardi du mois, ses membres donnent une lecture publique à 19h00 à la BNF.
Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 4 décembre 2022
Du mardi au samedi : 18h30 – dimanche : 15h30
Texte : L’Oulipo auteurs : Michèle Audin, Paul Fournel, Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Clémentine Mélois, Ian Monk
Direction artistique : Hervé Le Tellier
Conception et interprétation : David Migeot, Denis Fouquereau
Visuel : Stéphane Trappier