La Confuirence – Les Déchargeurs

La Confuirence aux Déchargeurs : une vision décapante du monde de l’entreprise, ses codes, ses rituels, portée par Anahid Gholami-Saba, clown impertinent et critique, à qui on souhaite que ses mots résonnent comme ont résonné en leur temps ceux de Sol.

Dans un coin de la scène, un pupitre, particulièrement élevé. Anahid Gholami-Saba arrive, chaussures aussi pointues qu’argentées, col pelle à tarte, cheveux noirs brillants, nez rouge. BonsoirVous êtes soudain tout silencieux… Je suis ici pour vous présenter l’entreprise ChezNous.

Le ton est donné. ChezNous cherche à recruter, elle doit nous séduire, nous donner envie. Anahid Gholami-Saba connait bien les codes de l’entreprise 2020. Son langage, son management, son organisation. Elle pousse le curseur de la sincérité à fond, pour un résultat… décapant.

Ce n’est pas une tribune politique, son clown n’est pas là pour dénoncer un système. Il met le doigt, en appuyant fort, sur les incohérences d’un système où le souci d’un Développement Durable se limite à ajouter deux lettres au nom de la Direction Commerciale. Si un jour vous avez assisté à un séminaire de motivation, participé à une réunion de réflexion stratégique, ou simplement travaillé dans une entreprise commerciale, vous retrouverez les termes que vous avez entendus, peut-être même prononcés.

Bien sûr son clown brise le quatrième mur. Il partage ses émotions avec les spectateurs, il s’appuie sur leurs retours et leurs réactions. Anahid Gholami-Saba offre des moments qui sont de purs bijoux, vous savourerez le rendu de dossier, les trois qualités du collaborateur idéal, les raisons pour lesquelles il faut être heureux au travail. Elle laisse à ses mots le temps d’infuser, de porter.

Je me suis laissé porter, à la fois par la qualité de son interprétation que par la réalité de ses propos. C’est une eau forte plus qu’une caricature, son impertinence critique est décapante, si c’était un bonbon, il se rangerait dans la catégorie des Cinnamon Spicy. J’ai savouré du début à la fin, appréciant de retrouver dans son jeu avec les mots une parenté certaine avec celui de Sol, le clown de Marc Favreau. Comme toute la salle, j’ai longuement et chaleureusement applaudi. En me demandant quelles futures expériences allaient alimenter la création de son clown, il y en a tant. En retenant la définition qu’elle nous a donné de la proactivité.

Retenez ce nom, Anahid Gholami-Saba, vous l’entendrez à nouveau. Elle a un vrai talent, de l’énergie à revendre, et une sensibilité à fleur de peau pour alimenter sa créativité.

Attention quand même, si le travail est pour vous LA valeur fondamentale, venez accompagné, votre monde pourrait bien s’effondrer, sapé dans ses fondations les plus intimes, et vous aurez besoin d’aide pour en sortir. Ou fuyez avant d’entrer, pour rester ce robot bien élevé qui cherche l’admiration.

L’avis de Fléchette, la petite fille qui prenait des notes : Le spectacle commence comme une conférence pour intégrer une entreprise, dont la conférencière est drôle et un peu maladroite, avec un petit côté enfantin. Elle parle d’une entreprise… dont on ne sait pas ce qu’elle fait. Elle est dynamique, bouge dans tous les sens, avec un côté très touchant, très attachant. Elle s’adapte aux réactions du public, et interagit avec lui. Et puis… elle dit la vérité, les choses sont comme ça, et elle le fait avec beaucoup d’humour. Je recommande fortement ce spectacle, qui saura s’adresser à tous les publics.

Aux Déchargeurs jusqu’au 20/11/22
Samedi-Dimanche : 21h15

Texte : Anahid Gholami-Saba
Avec : Anahid Gholami-Saba
Assistant ise en scène : Pierre Ophèle-Bonicel

Visuel : Théo Dattola et Sixtina Macluan