Pôles – Studio Hébertot

Pôles au Studio Hébertot : Christophe Hatey revisite la pièce de Joël Pommerat, la découverte d’un fait divers qui s’est déroulé vingt ans auparavant. Une belle distribution affûtée au service d’un texte rarement donné

Sur la scène, deux paravents blancs, une chaise paillée. Une femme, Elsa, debout, un homme, Jean, assis. Cette année non plus ne sera pas une année ordinaire. Je ne pourrai pas échapper à ma première opération chirurgicale.

Dans un appartement, quelque jours avant le cinquantième anniversaire d’accords de paix dont on ne saura rien. Il y a Elda, qui poursuit le rêver d’être une artiste. Jean, le voisin du dessous, qui n’arrive pas à écrire. Walter, son frère sculpteur, dont Elda oublie de payer le loyer. Et Alexandre-Maurice, le modèle de Walter, un homme massif qui ne parle presque pas. Alexandre Maurice, le nom d’un homme qui, vingt ans auparavant, aurait tué sa mère dans un appartement semblable à celui-ci. Elda va le recueillir, le faire s’ouvrir pour écrire son histoire. A coup de flashs-back, le spectateur découvre ce qui s’est passé.

Pôles est de ces pièces qu’on devrait voir deux fois. La première pour découvrir sa trame principale, on la comprend assez vite, il faut bien la valider. La seconde pour s’intéresser aux arcs narratifs secondaires, à chacun des personnages en particulier, ils ont tous leurs blessures, méritent d’être observés. La troisième pour savourer la langue, ciselée, affûtée d’un texte qui sait offrir un moment de bravoure à chacun des comédiens.

J’ai savouré le travail des comédiens, travail individuel, travail collectif. Les tableaux, cadencés par des noirs qui cassent pas le rythme, s’enchaînent avec précision.

Belle mise en abyme, Christophe Hatey reprend la mise en scène d’une pièce qui n’a pas été donnée depuis 2001, dans laquelle il avait commencé en Alexandre-Maurice, et ce sans trahir les codes de l’époque.

Huit personnes sur scène est une distribution devenue rare. Quand le texte est bon, quand le travail de la compagnie se voit, c’est une occasion à ne pas rater.

Au Studio Hébertot jusqu’au 25/02/22
Jeudi, Vendredi, Samedi : 21h00 – Dimanche : 14h30

Texte : Joël Pommerat
Avec : Cédric Camus, Roger Davau, Loïc Fieffé, Tristan Godat / Christophe Hatey, Karim Kadjar / Émilien Audibert, Florence Marschal, Aurore Medjeber, Samantha Sanson
Mise en scène : Christophe Hatey et Florence Marschal
Compagnie Air du Verseau

Visuel : The Man Who Laughs – Jakub Julian Ziólkowski (2013)

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