Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

Sur la scène, un espace délimité par des voiles blancs. Un canapé, une valise. Sur le voile du fond, une vidéo, les couloirs d’un hôpital. Dans son lit, une femme souffre, un être étrange, habillé comme une pie, l’enserre. A l’avant, son fils, sa bru, son amie de cœur sont là. Ton choix, écoute ton choix…

Inspiré d’une histoire vraie, Voyage à Zurich raconte les derniers jours de Florence Klein. La décision, le départ, le voyage, le dernier jour. Tout y est. Même les tensions dans le couple du fils.

La pièce de Jean-Benoît Patricot, sur une idée de Franck Berthier qui signe la mise en scène, chirurgicale, presque désincarnée. Elle prend son temps. Pas de poésie, pas de pathos. Voilà comment ça s’est passé. C’est peut-être ce qui la rendra insupportable à certains, l’absence de guimauve pour amortir les émotions. Comme est insupportable à son fils que la mort ne vienne pas par surprise emporter sa mère. Un fils qui entend de la mère à qui il va fermer les yeux qu’il doit ouvrir les yeux et lui aussi faire ses propre choix, trancher avant que la souffrance ne devienne intolérable. Être libre, lui aussi. J’ai fait mon choix, fais le tien.

Marie-Christine Barrault incarne avec talent la belle Florence Klein, et quand vient le moment, elle s’éteint, sereinement, en paix avec sa décision. J’ai beaucoup aimé son jeu pudique. Et par contraste, le jeu désinhibé de Marie-Christine Letort, savoureuse en tornade de boulevard, celle qui regroupe les troupes quand il le faut.

C’est du théâtre, il y a le texte, et le sous texte. La pièce objective, le dernier message d’une mère à son fils. Les deux sont durs, les deux sont beaux.

Festival Avignon Off 2023 – Présence Pasteur : 16h20
Durée : 1h25

Texte : Jean-Benoît Patricot
Avec : Marie Christine Barrault, Arben Bajraktaraj, Magali Genoud, Yannick Laurent, Marie Christine Letort
Mise en scène : Franck Berthier
Compagnie : DontActe

Visuel : DR

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com