PUNK.E.S de Rachel Arditi et Justine Heynemann : l’histoire des Slits, premier groupe féminin Punk, une bombe d’énergie et de vie

PUNK.E.S à La Scala Paris : Rachel Arditi et Justine Heynemann racontent l’histoire des Slits, de leur rencontre à Cut, leur premier album. Mêlant histoire du groupe, playlist de l’époque et les titres des Slits, la bombe d’énergie et de vie emmenée par Charlotte Avias emporte un public bigarré socialement… et générationnellement.

Sur la scène, une structure à base de barres de métal. Sur un praticable, une batterie. Quatre guitares, une basse. C’est l’hiver. L’hiver du mécontentement. 1976

PUNK.E.S, c’est l’histoire des Slits. Le premier groupe de filles dans l’univers du Punk. Qui fera la première partie de la tournée de The Clash en 1977. Dont le premier album convaincra la critique, pas autant le public. Le premier groupe à avoir conservé le contrôle total de son image. Mais on en n’est pas encore là. Pour l’instant, on est en 1976, et le groupe se forme. Elles sont quatre. Viv Albertine et Paloma – Palmolive, qui se travaillent dans un magasin où la masculinité toxique de l’encadrement fait la loi. Ari Up, 14 ans, élevée par une mère déjantée. Tessa Pollit, bassiste solide. Deux d’entre elles n’avaient jamais touché un instrument de musique ? Est-ce un problème ? Pas dans le Londres de 1976. Pas dans le monde du Punk Rock. Elles se sentent cabossées, sur le bord de la route, elles le disent, le crient, elles envoient. Dans un mur de son.

Rachel Arditi et Justine Heynemann ont imaginé un spectacle qui mêle l’histoire du groupe, sa musique, et celle qu’on trouvait dans les bacs des disquaires ou qu’on entendait sur les radios si on veillait pour écouter Lenoir (en 1976, la moindre ville a plusieurs disquaires, et pour la radio on a trois choix : France Inter, RTL et Europe 1). Elles s’attachent aux rapports humains entre ses membres qui évoluent dans une galerie de personnages. Elles explorent leurs vies amoureuses, leurs convictions, leurs rêves. Elles revisitent les arrangements, quelques versions oniriques laissent découvrir la profonde brutalité des paroles.

Sur scène, Rachel Arditi, Charlotte Avias, James Borniche, Salomé Diénis Meulien, Camille Timmerman et Kim Verschueren, tous musiciens autant que comédiens, alternent l’onirique et le lourd. Leur jeu est déjanté, énergique, convaincant. Passionné et engagé. Avec une mention particulière pour Charlotte Avias, impressionnante bombe d’énergie et de volonté.

Dans la salle, un public mélangé, où voisinent une bande de punkes et le directeur à la retraite d’un théâtre renommé. Un public qui démarre au quart de tour quand elles envoient à fond, qui se lève pour le morceau final, qui ressent les ondes de ces filles pour qui le compromis était un mot vulgaire, qui vivaient à fond leurs rêves et leurs (dés)espoirs sur fond du brushing de Margaret Thatcher. Elles n’ont pas connu un immense succès ? Elles ont ouvert une voie dans laquelle on pu s’engager Tina Turner, Madonna, Lady Gaga. Pas mal, non ? L’équilibre fonctionne, et PUNK.E.S entraîne son public composite sur le chemin de la mémoire et de la vie.

A La Scala Paris jusqu’au 06/04/24
Du mercredi au samedi : 21h00; dimanche : 15h00
Durée : 1h35

Texte : Rachel Arditi, Justine Heynemann
Avec : Rachel Arditi, Charlotte Avias, James Borniche, Salomé Diénis Meulien, Camille Timmerman, Kim Verschueren
Mise en scène : Justine Heynemann
Compagnie : Soy Création & ZD Productions

Visuel : Arnaud Dufau

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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