Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

La scène est profonde, et vide. Une chaise noire, dans un coin. Un sac en plastique, accroché à la poignée d’une fenêtre. Projeté au loin… Avec n’importe quels parents, j’aurais écrit le même livre... Victoria Quesnel vient au contact du public. Le Christ a une gueule d’assassin…

Nom, le livre de Constance Debré, est paru en 2022. Un non qui claque. Elle raconte les derniers mois de son père. Dans son non nihiliste, elle emporte tout, elle se débarrasse de tout. La famille de son père, les Debré. Sa sœur, les conventions sociales ou morales, les biens matériels. Dans ce chaos, deux lueurs. L’amour de ses parents. Les retrouvailles avec son fils. A la lecture, j’ai éprouvé un sentiment diffus de déjà lu. Une gêne, ce nom de Debré qu’elle rejette était la seule raison pour laquelle j’avais acheté le livre. Son autre choix, le nom de sa mère, Ybarnegaray, portant lui aussi le poids d’une histoire, plus ancienne.

Hugues Jourdain et Victoria Quesnel ont choisi de porter les mots de Constance Debré sur scène. Je suis venu avec une certaine curiosité, et suis sorti bluffé par la puissance de l’interprétation, du jeu de Victoria Quesnel. Dès son entrée en scène, on sent sa colère rentrée, plus on avance dans le texte, plus elle monte en puissance, plus le cri devient tripal, viscéral. Il est la sincérité d’une femme qui dit se foutre de tout, qui sait que ce n’est pas vrai, qui a trouvé son équilibre au sein de sa famille de camés, qui se fout surtout de l’opinion des autres, qui n’a besoin de rien, qui savoure chaque peu. Au Primum non nocere des médecins, elle oppose son acte de foi, Primum non mentiri. Et d’abord pas à soi même.

Victoria Quesnel donne du corps, du sens et de l’émotion aux mots de Constance Debré, c’est pour son interprétation impressionnante qu’on ira voir Nom. Elle est une badass savoureuse et jubilatoire.

Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 06/04/24
Du mardi au vendredi : 20h00; samedi : 19h00
Durée : 1h15

Texte : Constance Debré
Avec : Victoria Quesnel
Mise en scène : Hugues Jourdain
Compagnie : Je t’embrasse bien

Visuel : Simon Gosselin

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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