Les Déchargeurs, c’est fini ? Allons à La Belle Etoile !

Si Les Déchargeurs se sont arrêtés au cœur de l’été, l’esprit qui sous tendait le projet continue à vivre. Rémi Prin et Emmanuelle Jauffret viennent en effet de voir leur proposition retenue dans le cadre de l’Appel à Projet lancé par la Ville de Saint Denis concernant La Belle Etoile.

Les Déchargeurs, deux petites salles entre Rivoli et Les Halles, passées de mains en mains, dont le dernier projet a fait long feu dans le courant de l’été. Rémi Prin et Emmanuelle Jauffret, qui en étaient les programmateur / directeur technique / chargée de communication / administratrice viennent de voir leur proposition retenue dans le cadre de l’Appel à Projet lancé par la Ville de Saint Denis concernant La Belle Étoile.

Ils étaient aussi, et c’est important, les porteurs du projet Court mais pas vite qui accompagne les compagnies dans leurs premiers pas vers la professionnalisation. Après sélection de leur dossier, six équipes émergentes présentent pour la première fois une maquette de leur futur spectacle devant un public et un jury de professionnels. Le Prix du Jury est précieux : un accompagnement administratif et technique sur un an, une résidence de création, une série de représentations.

Il y a longtemps que nous avons compris qu’un théâtre a, ou pas, une ligne éditoriale. S’il n’en a pas, on y trouve tout, et n’importe quoi, il suffit d’avoir les moyens de louer un créneau. S’il en a une, et que le spectateur (et le chroniqueur) s’y retrouve, il lui fera confiance, viendra assister à des représentations sans savoir grand-chose du spectacle. C’est la clé des belles découvertes inattendues ! jenaiquunevie.com avait appris à faire confiance à la ligne éditoriale sous tendue par la programmation de Rémi Prin. Dans la grande salle, mais aussi la petite salle de La Bohême, 19 places, un espace intimiste où on ne pouvait pas tricher, où les acteurs mettaient leurs tripes sur la scène.

Le projet La Belle Étoile retrouve reprend les grandes lignes du projet des Déchargeurs, un théâtre ouvert aux compagnies émergentes et aux écritures contemporaines de tous types. Des œuvres qui donnent une place centrale au texte et à la parole, dont le spectateur sort en poursuivant sa réflexion. Un théâtre de divertissement bien sûr, d’échange, de pensée et d’ouverture, surtout.

Leur ambition ? programmer dès la saison 2024-2025 une cinquantaine de spectacles, tous répertoires et disciplines confondues, en privilégiant les spectacles de troupes.

La Belle Etoile, c’est un grand bâtiment de 1 700 m². Une salle de 150 places assises, avec une scène de 10×8 m, derrière laquelle on trouve les loges. Devant, un foyer de 200 m² où pourront se donner des spectacles immersifs et des concerts. Un bar, bien sûr, ouvert dans un premier temps avant et après les concerts. Plus tard, le bar pourrait ouvrir l’après midi, s’il y a une demande dans ce quartier peuplé et vert, et être utilisé comme espace de coworking par des salariés en télétravail. La Belle Étoile projette enfin de construire dans un second temps une petite salle d’une vingtaine de places, où programmer les pures créations qui ont besoin de se confronter à un premier retour du public.

Outre Rémi Prin, co-directeur, programmateur et directeur technique, et Emmanuelle Jauffret, co-directrice, administratrice et chargée de communication, l’équipe se renforcera d’ici septembre 2024. Les besoins ? un.e chargé.e de la relation avec les publics et des actions territoriales ; un mi-temps en soutien administratif ; un.e responsable du bar, et un.e barman.maid ; un.e responsable de la billetterie, et un.e agent d’accueil ; un.e agent d’entretien et de maintenance. Bien un pool d’intermittent.e.s  pour assurer la technique et la régie des spectacles

Le public connait peu le mécanisme dit Minimum Garanti, qui assure à la salle un revenu minimum par représentation, quelle que soit le nombre de billets effectivement. Un mécanisme qui s’approche de la location pour la mise à disposition d’un espace équipé. Certaines salles ne pratiquent que de la sorte, et ne demandent rien d’autre à la compagnie qu’une garantie de paiement avant de les programmer. C’est un mécanisme qui n’est pas favorable aux compagnies émergentes, les conditions d’attributions des subventions leur demandant souvent de justifier d’une programmation avec un partage des recettes classique. C’est pour faciliter leur production que La Belle Étoile leur proposera un contrat de coréalisation avec un partage des recettes sans minimum garanti.

Pour sa première saison 2024-2025, La Belle Étoile se fixe un objectif ambitieux avec des revenus un peu supérieurs à 500 000 Euros, dont 35 % provenant des activités annexes de location des équipements, 25 % du bar, 20 % de la billetterie, et 20 % de subventions. Sur ce dernier point, la ville de Saint Denis s’est engagée, au-delà des investissements initiaux, à soutenir le projet à hauteur de 50 000 Euros par ans pour les cinq prochaines années.

En pratique, cela signifie un spectacle programmé chaque semaine du mercredi au dimanche, et de nombreux événements dans le foyer. Pour le taux de remplissage, ils visent 40 % pour leur première saison, 60 % pour la seconde. D’où l’importance de la communication, par La Belle Étoile bien sûr, par les compagnies qui y seront programmées aussi.

Le projet La Belle Étoile est porté par la compagnie Le Tambour des Limbes, qui existe depuis 2012 et qui a, entre autres, produit les spectacles Salem et Solaris. La Belle Étoile travaillera avec une compagnie associée, La Bande à Léon, dont la metteuse en scène, Audrey Bertrand, sera responsable des actions territoriales et du volet actions culturelles sur le territoire de Saint Denis. Parallèlement, la société de production Compote de Prod installera son siège et ses bureaux dans les locaux de La Belle Étoile, ils proposeront leurs spectacles musicaux aux écoles, et fourniront un accompagnement aux compagnies émergentes qui le souhaiteront.

La Belle Étoile est moins centrale que ne l’étaient Les Déchargeurs ? C’est vrai. Elle est accessible en métro. Quand elle ouvrira, les Jeux Olympiques auront pris fin, et les travaux d’extension de la Ligne 14 du métro seront terminés.

Nous retrouverons donc Rémi Prin et Emmanuelle Jauffret à la soirée inaugurale de La Belle Étoile en septembre 2024. Ils ont du boulot d’ici là, nous connaissons leur énergie.

Cet article est paru pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

Une réflexion sur “Les Déchargeurs, c’est fini ? Allons à La Belle Etoile !

  1. Ladunocel 2 décembre 2023 / 14 02 12 121212

    Que devient l’ancienne compagnie qui occupait La belle étoile

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