Les yeux d’Anna

Une journée dans la vie d’une adolescente. Une journée chaotique dans la vie d’une adolescente différente, vue à travers ses yeux.

anna

Anna est une adolescente. Elle a les yeux vairons, de bonnes notes, un corps qui se transforme. Anna se sent différente, sa différence fait peur. Peur à tout ceux qui ne la comprennent pas.

Dans le monde d’Anna, tous vont mal, tous expriment leur mal être. Il y a son père, pilier de sa boite qui a fait son temps, il s’appelle Jean Tombe, il aurait voulu s’appeler Jean Porte. Sa mère, Monique, née d’une mère inconnue qui n’a pas voulu la voir, le prénom du jour était pourtant Natacha. Rachid, Barbara, Bernard, Clémentin. Certains sont plus âgés que d’autres, tous sont en pleine crise d’identité, voudrait être autre, ne comprend pas les autres. Quelque soit leur âge, ils sont en crise d’adolescence.

Les Yeux d’Anna raconte ça. Une journée de la vie d’Anna. Une journée particulière, le matin le mur de sa maison a été tagué « Sorcière du Balai », son père va être licencié, ses camarades vont lui prendre ses vêtements, elle rentre nue chez elle.

On ne voit pas Anna, elle est enfermée dans sa chambre, de notre côté du quatrième mur. On voit la journée avec les yeux d’Anna.

Sur scène, un cube, des panneaux qui tournent, un canapé poire, un écran en fond de scène. L’écran égrène le temps. Sur l’écran, parfois, des images, sereines, poétiques. Un décor très blanc, très propre, presque chirurgical, dans un univers chaotique. Sur le moment, cette propreté m’a perturbé, gêné. J’attendais quelque chose de plus gris, d’usé, un peu sale. Où les liquides qui s’écoulent sous les portes sont colorés.

Anna a disparu, elle est partie, mais où est-elle partie ? La blancheur du décor donne peut-être la réponse. Anna a vécu cette journée, elle l’a observée, avec le regard précis d’un entomologiste, et elle s’est envolée, dans un monde à elle, un monde sans violence, serein. A chacun de situer ce monde, en fonction de son histoire à lui. La blancheur du décor permet au spectateur de rester avec elle, de ne pas sortir bouleversé.

J’ai beaucoup aimé partager cette journée d’Anna. J’ai trouvé le texte très vrai, le jeu des acteurs bien posé, avec une mention spéciale pour Louka Meliava, Clémentin très juste qui a aussi peur de l’autre que de son image dans les yeux de l’autre, qui se sent agressé quand il ne comprend pas.

Une pièce à voir par tous ceux qui croient que leur mal être fait d’eux le centre du monde. Et par tous ceux qui ont besoin de savoir dans quel monde vit leur adolescent, où est  son esprit quand il s’enferme dans sa chambre ou derrière un regard vide.

Au Théâtre 13 Seine jusqu’au 20 janvier 2019
Du mardi au samedi 20h00 – dimanche 16h00

Texte : Luc Tartar
Avec : Tigran Mekhitarian ou Théo Askolovitch, Louka Meliava, Cécile Métrich, Julien Muller, Cécile Tournesol
Mise en scène : Cécile Tournesol

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