Vermeer et son faussaire de François Barluet : la vie de Han van Meegeren, est-ce tricher que jouer avec l’hubris de ses contemporains ?

Vermeer et son faussaire à La Contrescarpe : un texte rythmé, érudit et plein d’humour de François Barluet, une interprétation jubilatoire de Benoît Gourley, la vie de Han van Meegeren, faussaire génial et désinvolte qui a trompé jusqu’à Göring

Sur la scène, un chevalet, un tableau, à côté d’un petit bureau, ordinateur, lampe de banquier, torche. Le directeur de la galerie Courtauld est là. Mesdames et messieurs, vous voudrez bien excuser la froideur de mon accueil…

Pour l’exposition Vermeer et les maîtres de la peinture prévue en 2017, la galerie Courtauld a prêté au Louvre son Entremetteuse de Dirck van Baburen, acheté en 1960. En l’analysant… les experts ont trouvé de la bakélite dans la couche de peinture. Une résine inventée en 1909 dans un tableau antérieur à 1624 ? Ces experts sont-ils aussi regardants envers les tableaux du Louvre, dont l’Astronome, jamais prêté ?

Cette fausse entremetteuse est de la main de Han van Meegeren. Vermeer et son faussaire est l’occasion de raconter sa vie d’aventurier. Son enfance, sous la férule d’un père que l’art n’attire pas. Ses débuts de peintre, trop classique au moment où émergent Picasso et Mondrian. Pour vivre, pour prendre sa revanche sur ce père qui lui faisait copier je ne suis rien, je ne sais rien, je ne peux rien, sur l’amateur éclairé qui l’a qualifié de peintre de la Renaissance sans l’originalité, Han van Meegeren va peindre autrement. Présenter des tableaux à des experts qui les authentifieront. Pendant la deuxième guerre mondiale, il vendra (très cher) un Vermeer à sa façon à Göring. Accusé de collaboration et de spoliation après la guerre, il va dévoiler la vérité.

On savoure avec attention le texte de François Barluet, rythmé, érudit, plein d’humour. Présenté comme une conférence théâtralisée, c’est un duel à fleurets démouchetés entre Han van Meegeren et son dupe, entre la décontraction désinvolte de l’un et la rancune frustrée de l’autre. Un texte rempli d’anecdotes et de références, techniques et historiques.

Sur scène, Benoît Gourley donne un Han van Meegeren patelin et narquois, son interprétation est jubilatoire. Il est avec passion cet homme rusé qui a tordu toutes les règles qu’il a croisées, est-ce réellement tricher que de jouer avec l’hubris de ses contemporains ? La pièce repose sur ses épaules et sur son talent, on regrettera la maitrise très relative du texte par son compère.

Vermeer et son faussaire est un spectacle passionnant. Pour la performance de Benoît Gourley, pour le texte de François Barluet. Vous en sortirez enjoué et un peu plus cultivé.

Au théâtre de La Contrescarpe jusqu’au 30/06/24
Vendredi : 19h00; dimanche : 14h30
Durée : 1h15 (dont questions/réponses : 15 minutes)

Texte : François Barluet
Mise en scène : François Barluet
Avec : François Barluet, Benoît Gourley
Compagnie : TDB

Visuel : DR

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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