Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

Le sol de la scène est brillant, doré, on lit le titre du spectacle projeté sur le mur du fond. Saviez-vous que la danse sportive recouvre les danses standard et les danses latinos ? Deux danseurs passent. Eugen Jebeleanu arrive du fond de la salle, sur Feelings… Je suis né en 1989 avec une tache sur la cuisse…

Cette tache était le reflet d’un coup porté par son père, pendant la grossesse, sur la cuisse de sa mère.

Pendant près d’une heure et demie, Eugen Jebeleanu se livre. Son père dépressif et violent qui cognait sa mère, qui le dépréciait. L’école, le harcèlement, les humiliations. La danse, la passion de sa mère, transmise à deux de ses fils. Comment il est devenu champion. Son attirance pour les garçons. Le milieu de la danse sportive, sa façade un peu kitsch, où règnent la violence, les petits arrangements et la mesquinerie. Ses principes appliqués, venus de l’école soviétique. Ses partenaires. Son père, sa mort, la claque.

Encore un acteur torturé qui vient se livrer sur scène, qui vient raconter sa souffrance de n’avoir jamais trouvé l’amour de son père ? Non. C’est ce qui fait la force et l’intérêt de Le Prix de l’Or. Eugen Jebeleanu a a gardé sa passion pour la danse sportive, il a gardé son esprit de compétition. Il a dépassé le reste, accepté le prix payé, permis au reste de passer sur lui, quand il s’est retourné, il était lui, il était serein. Il est serein.

Une passion, c’est contagieux ? Pour partager la sienne, Eugen Jebeleanu donne au Prix de l’Or une forme rarement vue. Il est accompagné de Stefan Grigore et Laura Grigore, qui vont exécuter quelques pas de chacune des danses réglementaires. Il fait monter la moitié de la salle sur scène. Il prend le risque de casser le rythme, d’ouvrir une session de questions-réponses, avant de repartir de plus belle. Le Prix de l’Or n’est pas une conférence théâtralisée, c’est tout le contraire, du théâtre conférencialisé. Qui porte un message positif, qui le délivre avec passion sincère, avec une tendresse touchante.

Laissez filer votre imagination. Vous rencontrez Eugen Jebeleanu au fond d’un pub, il commence à raconter sa vie, c’est du lourd. Petit à petit, vous comprenez que… qu’il est allé au bout de sa passion, que le prix à payer était lourd, que tout ça, maintenant, c’est derrière. Qu’il s’est trouvé, qu’il a trouvé la sérénité. Qu’en partageant sa passion, il ne vous dit pas Viens, il vous dit Vas-y, ça vaut le coût. Alors, comme toute la salle, vous sortez boosté, et vous le saluez de très longs applaudissements.

Au Théâtre Ouvert jusqu’au 20/06/24
Lundi, mardi, mercredi : 19h30; jeudi, vendredi : 20h30; samedi : 18h00
Durée : 1h15

Texte : Eugen Jebeleanu
Mise en scène : Eugen Jebeleanu
Avec : Eugen Jebeleanu, Stefan Grigore, Laura Grigore

Visuel : Christophe Raynaud de Lage

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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