Du domaine des murmures : un spectacle onirique, poétique, presque contemplatif

Du domaine des Murmures au Lucernaire : Jessica Astier, étonnante de naïve ingénuité, une presque sainte oubliée. Adapté du livre de Carole Martinez, mise en scène par William Mesguich au sommet, le spectacle emportera ceux qui aiment le théâtre onirique et contemplatif

Sur la scène, une arche gothique brisée, au dessus d’un autel. Un autre autel, plus petit. Une petite fenestrelle, derrière des barreaux. Un panneau vidéo pour le contexte, 1187, Esclarmonde, Dame des Murmures, vit en recluse dans une petite chapelle. Je suis celle qui s’est volontairement emmurée pour toute l’existence…

Son père voulait la marier, Esclarmonde a dit non, le jour des noces, elle a été emmurée dans une chapelle éloignée, son seul contact avec le monde passe entre les barreaux d’une petite fenestrelle. Juste après avoir été forcée. Violée. Elle n’en dit rien. Du fond de sa chapelle, elle voit son ventre s’arrondir, la foi en ce miracle s’étendre. Elle impose sa volonté à ceux qui l’accompagnent, sans toujours en maitriser les conséquences. Plus tard, l’enfant nait, marqué. Plus tard encore, quand toute la vérité est révélée…

Jessica Astier a adapté pour la scène le livre de Carole Martinez paru en 2011. Un espace étrangement calme au milieu d’un tourbillon de violences. Elle raconte la douceur et la volonté d’Esclarmonde, presque sainte, oubliée,

Dans une mise en scène au cordeau de William Mesguich qui dirige chaque instant avec précision, qui signe également une lumière jouant des ombres, Jessica Astier conserve un parti pris de naïve ingénuité, un mysticisme parsemé de moments charnels, une acceptation a priori de son destin, ne tonnant qu’à une seule occasion. Jessica Astier est impressionnante dans son respect des indications de jeu de William Mesguich, dans l’exploration de la palette bien particulière de cette femme qui accepter sans se résigner, qui impose sans se révolter.

Du Domaine des Murmures n’est pas de ces pièces qui attireront ceux qui aiment l’action ou le gros rire. C’est une pièce à l’autre bout du spectre, qui emportera ceux qui aiment les spectacles oniriques, poétiques, presque contemplatifs. Ils y croiseront ceux pour qui, à rebours du féminisme ambiant, l’acceptance mystique est une valeur essentielle, et qui, entrés convaincus, sortiront renforcés.

Au Lucernaire jusqu’au 27/06/24
Du mercredi au samedi : 19h00; dimanche : 16h00
Durée : 1h15

Avignon Off 2024 : Roi René, 10h00

Théâtre de Pouzauges (85700) le 7/11/24

Texte : Carole Martinez – adaptation : Jessica Astier
Mise en scène : William Mesguich
Avec : Jessica Astier
Production : Sea Art / Théâtre de l’Etreinte

Visuel : Jessica Astier

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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3 réflexions sur “Du domaine des murmures : un spectacle onirique, poétique, presque contemplatif

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