L’incroyable épopée de François 1er, à La Contrescarpe : un spectacle familial de Rémi Mazuel et Alain Peron, énergique et sympathique, qui suit les codes des dessins animés. Derrière le grand François 1er se cachaient non pas une, mais deux femmes, sa mère et sa sœur !
Sur la scène, deux chaises, une coiffeuse. Sans doute banals, recouverts d’un carton dessiné qui leur donne une allure de meubles de style. Une carte en vidéo, l’Europe, 1514, Louis XII vit la dernière année de son règne. Alors l’abbé, comment se passe l’école de nos chers petits ?
On est à Cognac. A Paris, Louis XII est affaibli par ses excès, aucun des fils qu’il a eu avec Anne de Bretagne n’a survécu. Louise de Savoie est certaine que son successeur sera François d’Angoulême, son fils, pour lequel elle nourrit des ambitions impériales. Elle donne une vraie éducation à ses enfants, François et Marguerite. L’une est studieuse, l’autre préfère les grands espaces et les jolis minois.
François 1er ? La Renaissance. Le protecteur des arts et de la culture. Chambord, Léonard de Vinci. Marignan, 1515. L’édit de Villers Cotteret. Pavie peut-être.
Le texte de Rémi Mazuel et Alain Péron suit l’histoire de façon linéaire, et la remet en perspective. Le voici séduisant Marie Tudor, jeune épouse des derniers mois de Louis XII. Voilà que son ambition, son sens politique et son intelligence des situations sont aussi, surtout, ceux de sa mère et de sa sœur. Tout au long de son règne, il combat Charles Quint, endettant le royaume, concluant mariages d’intérêt et alliances de circonstances avec le royaume d’Angleterre ou l’Empire Ottoman. Toutes choses qui s’estompent dans la mémoire collective, ce sont les grands travaux qui font le souvenir millénaire.
C’est un bon spectacle familial et sympathique, mené sur un rythme enlevé. La mise en scène, également Rémi Mazuel et Alain Péron, et la scénographie d’Anaïs Alric, suivent les codes de ces dessins animés édifiants qui explorent l’histoire. Sur scène, Rémi Mazuel donne un François 1er truculent et ébahi tandis que Anaïs Alric, Fanette Jounieaux-Maerten, et Corentin Calmé alternent avec énergie les rôles et les costumes, suffisamment tranchés pour que le public ne s’y perde pas.
Derrière chaque grand homme se cache une femme affirmait Talleyrand. Pour faire François 1er, il fallait en cacher deux, sa mère et sa sœur. François 1er que la mémoire collective considère avec affection… comme Poulidor, au fond. Se battre en préservant l’essentiel sans vraiment gagner ni réellement perdre, savoir apprécier les plaisirs de la vie… est-ce que ça ne serait pas ça, l’esprit français ?
En sortant, on n’évite pas de mettre en perspective quelques répliques de la pièce sur le traitement des protestants vaudois et la situation mondiale actuelle. Ni de passer en revue les legs architecturaux de nos derniers présidents : Musée d’Art Contemporain, Musée du XIXe, Grande Bibliothèque, Musée des Arts Premiers… est-ce l’ambition qui a fait son temps, ou les taxes et la dette qui sont devenus insupportables ?
A La Contrescarpe jusqu’au 23/12/23
Lundi, mardi : 19h00; samedi : 17h00; dimanche : 16h30
Durée : 1h20
Texte : Rémi Mazuel, Alain Péron
Avec : Anaïs Alric, Fanette Jounieaux-Maerten, Rémi Mazuel, Alain Péron / Corentin Calmé
Mise en scène : Rémi Mazuel, Alain Péron
Visuels : Hervé Lawandowski
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com
La pièce en 45 secondes :
Je n'ai qu'une vie - Des émotions à partager 