La Tempête : un voyage savoureux dans l’univers barré de Stéphanie Tesson

La Tempête au Poche Montparnasse : Stéphanie Tesson concentre l’action sur Prospero, magicien qui tire les fils des destins. Une Tempête barrée, bourrée d’énergie et de passion, un intense moment de bonheur.

Sur la toile du fond de la scène, un ciel nuageux. Par terre, une caisse. Dans un coin, une couverture de survie, froissée. Dans la cacophonie, un corne de brume, un cri. Capitaine, qu’est-ce qu’il se passe !

Prospero, duc de Milan, est trahi par son frère et exilé avec sa fille Miranda sur une île déserte. Tirant de ses livres un pouvoir magique, il réduit en esclavage le monstrueux Caliban, et prend à son service Ariel, esprit du vent. Douze ans plus tard, alors que le navire de son frère passe à proximité, Prospero provoque une tempête pour le faire échouer sur l’île…

La Tempête est la dernière pièce de Shakespeare. Une pièce mythique. Amour, complot, trahison, vengeance, pardon. L’être humain, dans sa complexité, dans son époque. Une pièce spectaculaire, tentaculaire, labyrinthique.

Stéphanie Tesson a mis sa patte, apporté sa touche, sa sensibilité, et, disons-le tout de suite, c’est savoureux. Elle est repartie du texte de Shakespeare, a traduit, coupé, réorganisé. Elle embarque l’équipe autant que le spectateur dans son univers, on est chez elle autant qu’on est chez Shakespeare.

Stéphanie Tesson nous raconte la vengeance de Prospero, maître de son île, seigneur manipulateur et patelin des destins. Du concentré de Tempête, efficace et tortueux à souhaits. Farcesque quand il faut. Sans aucun temps mort.

Sur scène, ils sont cinq, ils ne sont que cinq, survoltés et bourrés d’énergie, passant d’un personnage à l’autre au fil d’un élément de costume. J’ai été particulièrement sensible au jeu de Pierre Val, magnifique Prospero, mais aussi Gonzalo le courtisan et Trinculo le bouffon. A la touche lunaire que Marguerite Danguy des Déserts donne à Ariel, l’esprit du vent positif qui rêve de liberté. C’est parfois chaotique, parfois un peu cacophonique, toujours ça avance. Pierre Val, Marguerite Danguy des Déserts, Jean Dudant, Quentin Kelberine, Aurélien Palmer, l’équipe fonctionne, la passion passe, le bonheur est contagieux.

Si vous appréciez l’univers de Stéphanie Tesson, vous allez adorer, c’est tout elle. Si vous savez vous laisser surprendre par une nouvelle perspective sur un texte que vous connaissez, vous allez savourer. Si vous aimez le théâtre passion, La Tempête de Stéphanie Tesson est faite pour vous.

Au Poche Montparnasse jusqu’au 13/07/24
Du mardi au samedi : 21h00; dimanche : 17h00
Durée : 1h30

Texte : William Shakespeare – traduction Stéphanie Tesson
Mise en scène : Stéphanie Tesson
Avec : Pierre Val, Marguerite Danguy des Déserts, Jean Dudant, Quentin Kelberine, Aurélien Palmer
Production : Théâtre de Poche-MontparnassePhénomène & cie

Visuel : Pierre & le Loup – Ivan Konstantinovitch

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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