Holyshit! – La Reine Blanche : Sarah Marcuse raconte l’inceste dont elle a été victime, et comment elle a ouvert la boîte où elle l’avait enfermé

Holyshit! à La Reine Blanche : Sarah Marcuse, dynamique et bienveillante, raconte l’inceste dont elle a été victime, la force qui l’a portée pour reconstruire son monde, les magiciennes qui l’ont aidée à s’en libérer. Un spectacle précieux, un voyage initiatique généreux qui m’a profondément touché.

Sarah Marcuse est assise dans un coin de la scène, au milieu de piles de livres. La porte de la coulisse est ouverte, la lumière est allumée. Bon… Par quoi je commence…

Par une visite sous un arbre mère, et par une promesse : à la fin, tout ira bien.

Holyshit! est l’histoire de Sarah Marcuse. L’histoire de la petite fille super forte qui pourrait porter le monde, qui ne peut pas venir à son propre secours. L’histoire de la femme qui a tout essayé pour guérir, et un jour le bouchon a explosé. L’histoire d’une sieste auprès d’un beau-grand-père, un après midi dans la Drôme, elle a sept ans. Sa tête réagit. Son corps aussi. Différemment. A dix ans, elle raconte, son beau-père agit. On n’ose parler de chance… mais à sa cousine, on dira « tu exagères », la chape de silence que la société met facilement sur « ces choses là ». Plus tard, elle empilera les livres de développement personnel et de psychologie appliquée, on les résumera à « vous êtes le problème ». Elle a onze ans, l’âge des postures, victime d’un abus sexuel pendant l’enfance engendre la compassion. La boite commence à se refermer, elle avale tout, elle enferme les émotions. Elle se marie, sans plaisir. Rencontre son Amoureux, il n’a pas peur de la boite. A Marseille, des magiciennes. Elles suivent les indices. A la fin, elle peut libérer son corps et ses émotions. Tout va bien.

Holyshit! est un spectacle initiatique, un spectacle qui montre un chemin. Le récit d’une sage. Dans ce spectacle qui parle de ça, un ça qu’elle va nommer. Elle emmène le spectateur vers la bombe émotionnelle avec un soin attentif. Sans jamais tomber dans le pathos. Elle n’est pas là pour choquer, elle est là pour raconter. En suivant les pages du cahier d’écolier commencé par la fillette de sept ans, quand elle n’avait pas encore les mots. Quand elle se réfugiait sous une console, si la terre tremble, mettez vous sous vos bureaux. Une console qui devient théâtre, où tous ceux qui ont fait sa vie sont là, représentés par un petit objet.

Sur scène, Sarah Marcuse déploie son énergie avec une intense générosité. Un jeu dynamique, vibrant. Surtout un sourire bienveillant. Un regard lumineux. Posé sur la fillette, sur la jeune fille, sur la femme. Posé sur le spectateur.

J’ai reçu Holyshit! avec beaucoup de respect. Pour la petite fille, et le ça qui lui est arrivé. Pour la femme de 40 ans qui n’en pouvait plus de vivre avec ça enfermé. Pour la femme de 50 ans qui a ouvert la boite où ça était enfermé. Pour l’auteure comédienne, qui prend soin du spectateur, l’emmène vers le ça, ne le relâche que quand il peut respirer, elle va bien, elle n’a plus honte, sa tête et son corps avaient tous deux raison. Je suis sorti profondément touché. Touché et admiratif.

La salle a longuement et chaleureusement applaudi Sarah Marcuse. Comme on prend dans ses bras l’amie qui vient de se confier. Comme on remercie l’arbre mère. C’est un spectacle précieux.

A La Reine Blanche jusqu’au 23/03/24
Mardi, jeudi : 21h00; samedi : 20h00
Durée : 1h15

En tournée :
Les montreurs d’image – Genève – du 18/04/24 au 29/05/24
Puloff – Lausanne – du 15/06/24 au 27/06/24

Texte : Sarah Marcuse
Avec : Sarah Marcuse
Mise en scène : Sarah Marcuse, Madeleine Raykov
Compagnie : Compagnie La Fourmilière

Visuel : Dominique Vallès

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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