Je n'ai qu'une vie – Des émotions à partager

Sur la scène, un jardin des années 70. Une table, une balancelle, une desserte. Quelques bacs de fleurs. Anne Cadilhac va et vient, vapoteuse et arrosoir. Ah bonsoir, Marie-Paule. C’est bien un barbecue costumé ce soir ? Eric Perez arrive du fond de la salle, cravate dénouée, chemise déchirée, s’écroule sur scène.

La vie est difficile… comparée à quoi ? Premier titre, Le Pauvre Blanc. Jean Yanne est là. Jean Yanne qui était politiquement incorrect longtemps avant qu’on invente le politiquement correct. Qui ouvrait béantes les plaies de la société pour qu’on les voit mieux. Qui avait été licencié de toutes les radios (France Inter, Europe 1, RTL) qui existaient à l’époque pour son irrévérence.

Anne Cadilhac pose son regard pétillant et son énergie sur les belles années de Jean Yanne, 60-70. Avec Eric Perez et sa moustache, mis en scène par Yann de Monterno, ils alternent les chansons et les aphorismes. On retrouve son anticléricalisme, son humour grinçant et anticonformiste. Des chansons corrosives, sorties des mémoires, qui ont toutes leur actualité. Accompagnées d’un simple clavier, ça permet de se concentrer sur les textes.

Je regarde en boucle le DVD de Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, et en écoute la BO sur Deezer plus souvent encore. J’ai savouré Tout le monde il est Jean Yanne en mode récital, attentif aux paroles et aux détails de l’interprétation. J’ai basculé en mode concert, quand on bat la mesure et qu’on chante avec l’artiste, au moment de l’Alleluia Garanti. Et pour le bouquet final, où j’ai retrouvé Chobizeness, Tout le monde il est beau… et ce petit bijou qui est au sommet de mes principes de vie.

Vous pouvez aller voir le spectacle par nostalgie. Parce que Jean Yanne vous manque, ou que vous regrettez l’air des années 70. Pour découvrir le temps où ont grandis vos (grands) parents. Vous en sortirez en réalisant que pas grand chose n’a changé, que les marchands de soupe sont omniprésents, et que la pseudo insolence des baladins qui prennent l’antenne en avant soirée n’est qu’une artificielle provocation à but commercial.

Au Funambule Montmartre jusqu’au 31/03/24
Samedi : 17h00; dimanche : 18h00
Durée : 1h10

Texte : Jean Yanne, Anne Cadilhac, Eric Peavec
Avec : Anne Cadilhac, Eric Perez
Mise en scène : Yann de Monterno
Compagnie : Opéra Éclaté

Visuel : Seboa

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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