Et par elles à la Flèche : un spectacle Feel Good construit comme un livre de développement personnel, avec la même forme de naïveté rafraichissante. On en sort en voyant le monde sous un meilleur angle, en ayant reçu au passage quelques rappels nécessaires.
Sur la scène, devant un voile serré, formant un demi ovale, quatre tabourets, deux chaises. Sur l’un, deux bracelets, sur un autre un plaid, au pied d’une troisième une paire de mules noires. Hélène Rival arrive, Bonsoir, finissez de vous installer, je fais pareil de mon côté. Sur les autres sièges, elle pose un livre, un chouchou. Afin d’avoir la meilleure séance possible… L’actrice nous prévient, nous allons assister à une conférence donnée par Pierre, une autrice, nous sommes supers fans de son premier livre. J’ai presque tout fait comme il faut…
Pierre cherche le moule dans lequel se couler pour exister en tant que femme. Elle a posé à huit femmes la question de ce que signifie être une femme pour elles. Huit femmes, huit vies différentes, huit réponses. Pierre en tirera la conclusion qui s’impose, il n’existe pas de vie standard, à chacun de construire son moule, de prendre sa place.
Le texte de Camille Léon-Fucien est construit comme un livre de développement personnel. Introduction, exposé de cas, conclusion. Avec la même forme de naïveté rafraichissante qui reste en surface de son sujet, et la même impression Feel Good à la fin. Une conclusion dans l’air d’un temps qui ouvre le champ des possibles à tous les genres, ce qui n’est pas forcément plus facile que quand les moules se transmettaient de génération en génération, à grands coups d’éducation maternelle et de cours d’Économie Domestique… Malgré quelques longueurs, sa mise en scène rythmée soutient efficacement son propos.
Seule sur scène, Hélène Rival donne vie d’un trait d’eau forte à ces dix femmes, l’actrice, la conférencière, et les huit témoins. Elle les incarne en jouant de la plasticité malléable de son corps et de son visage. Elle maitrise l’art du clown et sait l’utiliser quand elle en a besoin de forcer le sentiment du spectateur comme un magicien force le choix d’une carte dans un paquet.
Comme à chaque spectacle qui prend la forme d’une conférence, je suis sorti un peu frustré de ne pas avoir pu ouvrir le dialogue, approfondir tel ou tel point, objecter, mettre en perspective, c’est la loi du genre. Je reste y avoir trouvé quelques rappels à l’ordre essentiels, sur les différences de vision que portent champs sémantiques différents de l’homme et de la femme, aborder vs agresser, déraper vs dégénérer.
Et par elles est un spectacle Feel Good plutôt bien fait et agréable à regarder, porteur d’un message positif. Quand on en sort, pendant quelques instants, on voit le monde sous un meilleur angle.
Au Théâtre La Flèche jusqu’au 06/12/23
Mercredi : 19h00
Durée : 1h00
Texte : Camille Léon-Fucien
Avec : Hélène Rival
Mise en scène : Camille Léon-Fucien
Visuel : DR
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com
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Une réflexion sur “Et par elles – Théâtre La Flèche”