
Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze au Théâtre du Rond Point : Chloé Oliveres, aussi princesse que féministe, mise en scène par Papy, parcourt ses quarante premières années. Un spectacle savoureux, où on rit finement, dont on sort en réfléchissant.
Sur la scène, une fenêtre à petits carreaux bleue, un tapis de paillettes blanches, une chaise. Voilà Chloé, qui chante Joyeux anniversaire… quand la salle reprend… Arrêtez, je veux chanter toute seule !
On est en 1988, Chloé a cinq ans, elle est à Toulouse sans ses parents, son petit frère vient de naître en avance, et c’est l’anniversaire de tonton Gilles.
Chloé va grandir, et nous allons la regarder grandir. Elle regarde à la chaîne des comédies romantiques, surtout Dirty Dancing, part en vacances au Portugal, au Sénégal, part en Chine oublier un échec amoureux. Elle découvre les premiers émois, les premières sensations, les premières relations. Pour elle, être regardée c’est exister ? La voilà au conservatoire. Elle a quarante ans, elle a un côté princesse (et une princesse, ça ne pète pas), elle revendique sa liberté.
Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze est un spectacle oignon. On peut le recevoir au premier degré, un sympathique premier degré, on rit finement, sans se moquer, des travers des d’une vie bobo dans les années 80-90. On peut aussi le recevoir au second degré, l’analyse est au scalpel, la vision féministe sans appel. Quand Chloé analyse pour nous Dirty Dancing, la bluette d’une histoire de vacances romantique devient un manifeste, un cri de liberté féministe, une histoire de sororité. Quand elle remet le film en perspective de la liberté d’avortement qui n’est plus assurée dans les états conservateurs des États-Unis, ses quarante premières années deviennent une parenthèse dont on voudrait qu’elle ne se referme pas.
Finement mise en scène par Papy, Chloé Oliveres nous offre un spectacle de grande qualité artistique. Affectueusement, sans se prendre au sérieux, elle emmène le spectateur sur les chemins de sa réflexion. Midinette et féministe ? elle assume, et laissera à Patrick Swayze le soin de citer Simone de Beauvoir. On sort en riant, on laisse décanter.
Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 19 février 2023
Du mardi au samedi : 20h30; dimanche : 15h30
Texte : Chloé Oliveres
Avec : Chloé Oliveres
Mise en scène : Papy
Visuel : Stéphane Trapier
Une réflexion sur “Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze – Théâtre du Rond Point – un spectacle savoureux qui fait rire, puis qui fait réfléchir”